Le cyberactiviste béninois Steve Amoussou a été condamné, lundi 2 juin 2025, à deux ans de prison ferme par la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET). Accusé initialement de cyberharcèlement et d’incitation à la rébellion, il a finalement été reconnu coupable de diffusion de fausses nouvelles et d’injures contre un groupe politique. Le tribunal lui a également infligé une amende de 2 millions de francs CFA, soit environ 3 000 euros.
Le verdict a été prononcé à l’issue d’une audience rapide, dans une salle où le militant, vêtu d’un gilet de détenu, est apparu calme mais éprouvé. Selon ses avocats, les charges retenues relèvent d’une manœuvre politique. « La Criet n’a jamais dit le droit dans les dossiers politiques », a déclaré l’un de ses conseils, Me Herman Yénonfan. Pour Me Magloire Yansunu, cette condamnation illustre une justice « instrumentalisée », insistant sur le fait qu’aucune preuve tangible n’a été apportée durant les audiences.
Depuis son arrestation à l’automne 2024, Steve Amoussou, critique virulent du régime de Patrice Talon, est soupçonné d’être l’administrateur du compte anonyme « Frère Hounvi », très suivi sur les réseaux sociaux et réputé pour ses attaques contre le président béninois, sa famille et ses proches collaborateurs. Il a toujours nié en être l’auteur, plaidant l’innocence à chaque étape du procès.
À l’approche de l’élection présidentielle de 2026, cette affaire résonne comme un écho aux tensions politiques croissantes dans le pays. Pour ses défenseurs, le timing n’a rien d’innocent : la CRIET, souvent critiquée pour son rôle dans la neutralisation de voix dissidentes, est de plus en plus perçue comme un instrument de répression judiciaire au service du pouvoir exécutif.
Bien que ses avocats recommandent un appel – qu’ils estiment susceptible d’aboutir si un changement politique intervient dans les mois à venir – Steve Amoussou reste hésitant. Il aura purgé un an de sa peine en août prochain et semble concentré pour l’instant sur l’amélioration de ses conditions de détention, notamment son isolement carcéral.
La condamnation de Steve Amoussou relance le débat sur la liberté d’expression au Bénin et le rôle controversé de la CRIET. Les ONG de défense des droits humains observent l’évolution du dossier avec attention, y voyant un cas emblématique de la dérive autoritaire que plusieurs opposants dénoncent depuis la réélection de Patrice Talon en 2021.