L’Union africaine a condamné sans ambiguïté la tentative de coup d’État survenue dimanche au Bénin et a réaffirmé son soutien au président Patrice Talon. Son président de Commission, Mahmoud Ali Yousouf, a dénoncé une ingérence militaire contraire aux principes fondamentaux de l’organisation continentale.
Mahmoud Ali Yousouf a rappelé les textes qui encadrent les changements anticonstitutionnels de gouvernement, dont la Déclaration de Lomé et la Charte africaine de la démocratie. Il a exigé que les militaires impliqués renoncent immédiatement à toute action illégale, respectent la Constitution et regagnent leurs casernes. Le responsable de l’UA s’est dit préoccupé par la multiplication des coups d’État dans la région, estimant que ces crises affaiblissent l’autorité de l’État et minent la confiance des citoyens dans leurs institutions.
Cette tentative intervient alors que la Cédéao a également réagi avec vigueur, qualifiant l’action de subversion de la volonté populaire. L’organisation a salué la réaction des autorités béninoises et a averti que les auteurs seraient tenus responsables de toute violence. La pression régionale s’ajoute à un climat politique déjà tendu à Cotonou. La présidentielle d’avril 2026 se prépare dans un contexte marqué par l’exclusion du principal parti d’opposition, Les Démocrates, tandis que les attaques jihadistes dans le nord du pays fragilisent davantage l’État.
L’UA et la Cédéao ont assuré leur disponibilité pour accompagner le rétablissement complet de l’ordre constitutionnel. Elles n’excluent pas de recourir à la force régionale en attente si nécessaire. Pourtant, des zones d’ombre persistent. Les autorités béninoises ont affirmé avoir déjoué une mutinerie, mais aucune information n’a été donnée sur la localisation du président Talon. Cette absence de communication nourrit les spéculations et entretient la confusion autour de la situation réelle au sommet de l’État.
Selon le gouvernement, un groupuscule de soldats a tenté de renverser les institutions dans la nuit de dimanche. Leur mouvement avait été relayé plus tôt par un communiqué diffusé sur la télévision nationale par un groupe se présentant comme le Comité militaire pour la refondation. Le lieutenant-colonel Tigri Pascal y annonçait la destitution de Patrice Talon, la suspension de la Constitution de novembre 2025, la dissolution des institutions et la fermeture des frontières.
Les militaires putschistes ont justifié leur action par des revendications sécuritaires, sociales et politiques. Ils dénonçaient la détérioration de la situation dans le nord face aux attaques jihadistes, des tensions internes au sein des forces armées, des mesures sociales contestées par des fonctionnaires et enseignants ainsi que des restrictions politiques limitant la participation de l’opposition. Ces griefs, bien que rejetés par le gouvernement, soulignent des frustrations persistantes dans une partie de l’appareil sécuritaire et au sein de la société civile.
L’épisode met en lumière les fragilités d’un pays longtemps cité comme un modèle démocratique en Afrique de l’Ouest. Le Bénin fait face à une montée des menaces sécuritaires, à un durcissement du jeu politique et à une polarisation accrue autour de la fin du second et dernier mandat de Patrice Talon. La tentative de coup d’État, même déjouée, illustre les tensions accumulées et les risques qu’elles continuent de faire peser sur la stabilité nationale.



