Le ministère chinois des Finances a annoncé, dimanche 6 juillet, de nouvelles restrictions visant les entreprises européennes. Désormais, les commandes publiques de matériel médical dépassant 45 millions de yuans (soit 5,35 millions d’euros) seront fermées aux fournisseurs de l’Union européenne. Pékin répond ainsi aux mesures prises par Bruxelles fin juin, qui avaient écarté les entreprises chinoises des appels d’offres similaires.
Cette décision vise directement les équipements médicaux – masques, pansements, équipements robotisés ou machines hospitalières – dont la Chine est à la fois grande consommatrice et exportatrice. Le gouvernement chinois dénonce des « barrières protectionnistes » imposées par l’UE, qu’il considère comme injustifiées. « La Chine n’a donc pas d’autre choix que d’adopter des mesures restrictives réciproques », a déclaré le ministère des Finances. L’entrée en vigueur est immédiate.
Ces mesures s’inscrivent dans une série de confrontations économiques croissantes entre Pékin et Bruxelles. Depuis trois ans, les différends commerciaux se multiplient : véhicules électriques chinois visés par des droits de douane, subventions dénoncées dans le ferroviaire, contrôle accru sur les panneaux solaires et les éoliennes. Un rapport européen avait déjà accusé la Chine de pratiques discriminatoires dans l’accès à ses marchés publics, justifiant ainsi les sanctions récentes.
Cette escalade arrive à un moment sensible. L’UE et la Chine doivent célébrer, à la fin du mois, les 50 ans de leurs relations diplomatiques. Mais le climat est tendu. Symbole de cette crispation : la Chine a unilatéralement décidé de raccourcir d’une journée les cérémonies prévues. Vendredi dernier déjà, Pékin avait annoncé de nouveaux droits de douane sur les eaux-de-vie et le cognac français, en représailles aux mesures européennes sur les véhicules électriques.
À court terme, cette guerre commerciale larvée risque d’aggraver les tensions entre deux des plus grandes puissances économiques mondiales. Bruxelles pourrait y voir une opportunité de resserrer les rangs avec ses partenaires asiatiques ou nord-américains. Pékin, de son côté, cherche à renforcer ses circuits économiques alternatifs via l’Organisation de coopération de Shanghai ou l’initiative des Nouvelles routes de la soie.
Enfin, cette dynamique de confrontation croisée pourrait durablement affecter l’industrie médicale mondiale. Dans un contexte post-Covid où la résilience des systèmes de santé est une priorité, l’accès équitable aux équipements est un enjeu stratégique. L’exclusion réciproque des grands marchés publics risque de ralentir les chaînes d’approvisionnement et d’alourdir les coûts, au détriment des patients et des systèmes de santé fragiles.