Le capitaine Ibrahim Traoré, chef de l’État du Burkina Faso, a récemment accusé la Côte d’Ivoire et le Bénin de comploter pour déstabiliser son pays. Dans un discours prononcé devant les “forces vives” du Burkina Faso, Traoré a souligné la menace posée par ces voisins ouest-africains, aggravant ainsi les tensions diplomatiques dans la région.
Traoré a pris pour cible les “impérialistes” et a particulièrement pointé du doigt les gouvernements ivoirien et béninois. Il a affirmé qu’Abidjan héberge un centre d’opérations destiné à déstabiliser le Burkina Faso. Il a promis de fournir des preuves tangibles à l’appui de ses accusations. Traoré a également critiqué le Bénin, accusant ce pays d’abriter deux bases françaises qui seraient utilisées comme centres d’opérations pour des terroristes attaquant le Burkina Faso.
Le capitaine Traoré est arrivé au pouvoir en septembre 2022 à la suite d’un coup d’État. Depuis lors, il a orienté sa politique vers une souveraineté accrue, notamment en prenant ses distances avec la France. Le Burkina Faso, en alliance avec le Niger et le Mali, a quitté la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) en janvier, formant la Confédération des États du Sahel (AES). Les accusations de Traoré s’inscrivent dans ce contexte de repositionnement stratégique et de tensions croissantes avec les voisins.
Les accusations de Traoré pourraient avoir des répercussions importantes sur les relations diplomatiques et la stabilité régionale. Si les preuves annoncées sont effectivement présentées, cela pourrait intensifier les conflits et les mesures de rétorsion. Par ailleurs, la volonté affichée de Traoré de reprendre le contrôle des ressources minières du Burkina Faso et de “recadrer la communication” nationale marque un tournant dans la politique intérieure et extérieure du pays.
Les accusations de Traoré ont été rejetées par Paris et Cotonou. Plus tôt cette année, des accusations similaires avaient été formulées par le Premier ministre du Niger, Ali Mahaman Lamine Zeine. Il est donc probable que ces allégations vont continuer à alimenter les tensions régionales et les débats sur l’ingérence étrangère en Afrique de l’Ouest.
En conclusion de son discours, Traoré a insisté sur l’importance de l’unité nationale et de l’amour du pays. Il a déclaré : “Vous pouvez ne pas m’aimer mais vous devez aimer votre pays. Nous n’allons pas permettre à des Burkinabè de communiquer contre le Burkina Faso.” Cette déclaration souligne son engagement à renforcer la cohésion interne face aux menaces externes perçues. Fin mai, une charte adoptée permet au régime de transition de rester au pouvoir pour cinq ans supplémentaires, marquant ainsi un prolongement significatif de la gouvernance actuelle.