Le Burkina Faso est sous le feu des projecteurs après la diffusion de vidéos montrant des scènes choquantes de civils escortés et menacés par des individus armés. Ces vidéos, censées illustrer des massacres commis par des supplétifs de l’armée, ont rapidement circulé sur les réseaux sociaux, alimentant les accusations de violences intercommunautaires. Face à cette situation, le gouvernement burkinabè parle de « manipulation » et dénonce une campagne de diabolisation visant à nuire à l’image du pays.
Les vidéos en question montrent des scènes de violence où des civils, parmi lesquels des enfants et des personnes âgées, sont menacés d’armes blanches alors qu’ils peinent à suivre un groupe escorté vers une destination inconnue. D’autres images mettent en scène des corps sans vie, qu’on présente comme victimes d’un massacre survenu dans la commune de Gayeri, dans la région de l’Est du pays. Ces images ont renforcé les accusations d’exactions ethniques, largement relayées sur les réseaux sociaux et par des voix critiques du gouvernement.
Le Burkina Faso traverse une période de forte instabilité. Le pays est confronté à une insurrection jihadiste qui a déstabilisé les régions nord et est, alimentant des tensions communautaires et des violences interethniques. Dans ce contexte, des vidéos et des informations, souvent non vérifiées, alimentent un climat de méfiance et de suspicion. Les autorités burkinabè affirment que les vidéos récentes sont une tentative de manipuler l’opinion publique, en mettant en lumière des images qui ne reflètent pas la réalité du terrain. La déstabilisation politique et médiatique semble, selon le gouvernement, être un objectif recherché par les auteurs de cette campagne.
Le gouvernement burkinabè se dit attaché à la paix et à la coexistence entre ses différentes communautés, rejetant toute idée de massacres ethniques. Toutefois, ces vidéos alimentent un climat de polarisation qui pourrait avoir des conséquences dramatiques sur la cohésion nationale. Le pays se trouve donc à un carrefour critique, où la gestion des informations et la lutte contre les discours haineux deviennent essentiels pour prévenir un embrasement communautaire. L’appel à témoins lancé par le procureur pour identifier les auteurs de discours haineux en ligne montre la détermination des autorités à contrôler la propagation de la violence verbale, même à travers les plateformes numériques.
En réponse aux vidéos et aux appels à la haine, le procureur Blaise Bazié a annoncé l’ouverture d’une enquête visant à identifier et poursuivre les individus responsables des messages incitant à l’extermination d’un groupe ethnique, particulièrement des Peuls, souvent désignés comme « terroristes » dans certains discours publics. Le gouvernement cherche à limiter l’impact de ces discours, en encourageant la population à coopérer avec les autorités pour éviter que des communautés ne soient prises pour cibles.
Au-delà de la réponse judiciaire, le gouvernement appelle à la vigilance et à l’unité nationale. La situation au Burkina Faso reste fragile, et l’unité face à la manipulation externe et interne est plus que jamais cruciale. Le pays doit désormais lutter contre non seulement les attaques violentes, mais aussi les manipulations médiatiques qui risquent de déstabiliser davantage une société déjà marquée par la peur et l’incertitude.