Le Premier ministre burkinabè, Jean-Emmanuel Ouedraogo, a présenté ce vendredi 14 mars 2025 un bilan de la situation sécuritaire et humanitaire du pays. Lors de son intervention devant l’Assemblée législative de transition, il a souligné les succès importants des forces armées burkinabè dans la reconquête du territoire, affirmant que plus de 71% du pays avait été récupéré des mains des groupes terroristes. Cependant, ces avancées s’accompagnent de défis considérables, notamment en matière de droits de l’homme et de sécurité civile.
Le Premier ministre a détaillé les efforts déployés par le gouvernement pour renforcer la capacité militaire du Burkina Faso. En 2024, plus de 14 000 militaires ont été formés, et des milliers de Volontaires pour la Défense de la Patrie (VDP) ont été recrutés pour soutenir les forces armées. Cette dynamique a permis d’augmenter la puissance de feu et de regagner plusieurs territoires. Selon Ouedraogo, ces efforts ont été largement soutenus par la population burkinabè, qui a contribué financièrement à hauteur de 175 milliards de francs CFA, permettant de financer le fond de soutien patriotique. À ce jour, 212 villages ont été réinvestis par les populations grâce à l’action des forces de défense, bien que d’autres zones nécessitent encore une sécurisation avant de permettre un retour complet.
Cette avancée dans la reconquête du territoire s’inscrit dans un contexte de lutte acharnée contre les groupes armés terroristes, qui ont déstabilisé une grande partie du pays ces dernières années. Depuis le début des attaques en 2015, le Burkina Faso a été en proie à une spirale de violences perpétrées par des factions djihadistes, particulièrement dans les régions du nord et de l’est. L’armée burkinabè, appuyée par les VDP, a dû s’adapter à un conflit asymétrique, où les exactions contre les civils sont devenues monnaie courante. Cette situation a conduit le gouvernement à adopter des mesures radicales pour reconquérir son territoire tout en gérant les défis humanitaires liés aux milliers de déplacés internes.
L’avenir proche verra probablement une intensification des opérations militaires dans les zones encore sous contrôle des groupes armés. Le gouvernement met en avant sa détermination à éradiquer ces groupes et à garantir la sécurité des populations. Toutefois, la gestion des droits humains et la prévention des abus demeurent des priorités. Le Premier ministre a ainsi insisté sur la mise en place de mécanismes de surveillance, tels que des formations sur les droits de l’homme pour les forces de défense et des cadres de concertation pour prévenir les abus. La lutte contre le terrorisme pourrait se prolonger dans un climat de tensions sociales et de défiance croissante de la part de certaines franges de la population.
La récente diffusion de vidéos montrant des actes de torture, notamment sur des enfants et des personnes âgées, a alimenté les débats au sein de l’Assemblée nationale. Ces images ont créé une onde de choc, et plusieurs députés ont demandé des éclaircissements sur la gestion des droits de l’homme dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Hama Ly, député des Forces Vives des régions, a interrogé le gouvernement sur la manière dont ces vidéos, témoignant de violations des droits humains, sont gérées. Le Premier ministre a dénoncé ces images comme étant une manipulation destinée à démoraliser les troupes et à déstabiliser les progrès réalisés, affirmant que le gouvernement s’engage à traquer toute forme d’abus.
Le Premier ministre a rappelé que la lutte contre le terrorisme ne se résume pas à une simple reconquête militaire, mais implique également un respect strict des droits fondamentaux. En réponse aux accusations d’exactions, Jean-Emmanuel Ouedraogo a souligné que des plans de formation et des dispositifs de suivi des allégations de violations étaient désormais en place. Ces mesures visent à garantir que les forces armées agissent conformément aux normes internationales, tout en poursuivant leur mission de sécurisation du territoire.
L’évolution de la situation au Burkina Faso dépendra en grande partie de l’équilibre entre les progrès militaires et la gestion des tensions internes, notamment en ce qui concerne la protection des civils et la régularisation des retours de populations déplacées.