Le 23 juin, Mahamadou Sana, ministre burkinabè de la Sécurité, a exhorté la population à dénoncer les comportements déviants de certains agents de sécurité. Selon lui, des dérives sont régulièrement constatées dans l’exercice des missions de contrôle, notamment sur les axes routiers du pays, où des abus d’autorité compromettent la relation de confiance entre citoyens et forces de l’ordre.
Le communiqué ministériel souligne que certains agents ne respectent pas les limites de leur mandat, agissant de manière abusive et contraire à la loi. Ces pratiques, bien que non détaillées dans le texte, sont jugées nuisibles au bon fonctionnement des contrôles sécuritaires et perçues comme des facteurs favorisant la corruption. Le ministère rappelle que de tels agissements tombent sous le coup du Code pénal et peuvent être poursuivis en justice.
Cette sortie du ministre intervient dans un climat de tension entre certains segments de la population et les forces de sécurité, souvent accusées d’excès dans un contexte sécuritaire déjà tendu. Ces dernières années, les accusations de rackets, de comportements arbitraires ou d’intimidations ont entamé la crédibilité des dispositifs sécuritaires déployés face aux défis liés au terrorisme et à l’instabilité.
Le ministère encourage désormais une implication directe des populations dans la lutte contre les abus, en les incitant à utiliser les mécanismes de signalement existants. Un numéro vert – le 1020 – est mis à disposition pour permettre aux citoyens de transmettre des informations précises aux autorités, notamment à la Coordination nationale de contrôle des forces de sécurité (CONACFP). Une manière d’instaurer un contrôle citoyen indirect et de renforcer l’intégrité des interventions policières.
Malgré ces mises en garde, le ministre Sana a tenu à saluer l’engagement général des forces de sécurité, qu’il considère comme majoritairement dévouées à la protection des personnes et des biens. Une précision qui vise sans doute à ne pas démoraliser les agents engagés sur le terrain, tout en signalant qu’aucune tolérance ne sera accordée aux comportements déviants.
Ce message du ministère n’est pas anodin. Il envoie un double signal : d’un côté, il tente de restaurer une certaine éthique dans les rangs des forces de l’ordre ; de l’autre, il cherche à rassurer une opinion publique de plus en plus méfiante. Mais pour que cette démarche ait un impact réel, encore faut-il que les dénonciations aboutissent à des sanctions effectives – un point sur lequel le gouvernement reste jusqu’ici discret.