En 2024, le Burkina Faso surprend avec une production artisanale d’or dépassant les 8 tonnes, un chiffre largement supérieur à l’objectif initial de 500 kg. Cette annonce du ministère de l’Énergie, des Mines et des Carrières marque un tournant dans la valorisation d’un secteur longtemps sous-estimé, mettant en lumière l’importance économique de l’or artisanal, qui, jusqu’ici, échappait aux circuits officiels.
Le ministre Yacouba Zabré Gouba confirme que le pays n’avait jamais enregistré de telles performances. Ce bond spectaculaire résulte, selon lui, des mesures strictes instaurées pour lutter contre la fraude et mieux organiser la commercialisation de l’or. La suspension des exportations d’or artisanal en février 2024, associée à l’obligation pour les mineurs de vendre via la Société Nationale des Substances Précieuses (SONASP), a incontestablement contribué à cette progression.
Le secteur minier du Burkina Faso est traditionnellement dominé par l’exploitation industrielle, qui représente environ 15 % du PIB, 20 % des recettes fiscales et 73 % des exportations. En revanche, la production artisanale, difficilement quantifiable, est restée en marge des statistiques officielles. Entre 2018 et 2022, elle se chiffrait en moyenne à 300 kg d’or par an, comme le souligne l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE). Ces données historiques illustrent l’écart entre les performances annoncées et la réalité du terrain.
L’annonce de cette production record laisse entrevoir des perspectives encourageantes pour l’avenir du secteur artisanal. Les mesures de régulation mises en place, telles que la création de centres de traitement mutualisé et la gestion par la SONASP, pourraient permettre une meilleure intégration de l’or artisanal dans l’économie nationale. Toutefois, la véritable efficacité de ces mesures reste à confirmer dans les mois à venir, alors que les autorités s’emploient à formaliser un secteur encore marqué par l’informalité.
D’après une Commission d’enquête parlementaire et une étude financée par la Banque mondiale, la production artisanale réelle pourrait osciller entre 15 et 30 tonnes par an, bien au-delà des chiffres officiels. Des ONG, telles que SWISSAID, estiment que la part d’or non déclarée génère une perte annuelle de plusieurs millions de dollars pour l’État. Ces analyses mettent en exergue la difficulté à appréhender précisément l’activité des exploitations dites « sauvages » qui opèrent en dehors du contrôle administratif.
Les défis restent nombreux, notamment en raison de la porosité des frontières et du rôle des comptoirs d’achats d’or dans le commerce illicite. La présence de groupes extrémistes dans certaines zones minières complique encore la tâche des autorités pour instaurer un suivi rigoureux. Si les mesures engagées représentent un pas décisif vers la formalisation du secteur, elles soulignent également l’urgence de développer une méthodologie officielle pour estimer la production artisanale, essentielle pour sécuriser et valoriser cette ressource stratégique pour le Burkina Faso.