Plusieurs centaines de personnes se sont réunies samedi 29 juin à Poa, dans le centre-ouest du Burkina Faso, pour afficher leur soutien au capitaine Ibrahim Traoré, à la tête de la transition depuis septembre 2022. L’événement, organisé par la Fédération Burkina Remparts, a donné lieu à des gestes symboliques visant à témoigner de l’attachement des habitants au président de transition.
Selon les organisateurs, la manifestation visait à « prouver que le soutien au capitaine Ibrahim Traoré est indéfectible ». En plus des discours prononcés par des leaders communautaires, les participants ont procédé à l’inauguration d’un rond-point baptisé au nom d’Ibrahim Traoré, présenté comme un « lieu de veille citoyenne ». D’autres actions, comme la plantation d’arbres dans la cour d’une école communale, ont été menées pour souligner l’engagement des populations locales en faveur du civisme et du développement.
Cette démonstration d’adhésion intervient alors que la transition burkinabè fait face à de multiples défis : lutte contre les groupes armés, tensions diplomatiques régionales, et critiques sur la gouvernance. Dans ce contexte, la multiplication de ces rassemblements à l’échelle locale est interprétée par certains analystes comme une tentative de renforcer la légitimité du capitaine Traoré au sein de l’opinion publique rurale, souvent mobilisée à des fins de communication politique.
Si ces manifestations traduisent un réel enthousiasme local, elles posent aussi la question de leur spontanéité et de leur portée politique. L’implication d’organisations proches du pouvoir dans l’organisation des événements, comme la Fédération Burkina Remparts, interroge sur le degré d’indépendance de ces initiatives. De plus, l’absence d’opinions divergentes lors de ces rassemblements reflète un climat politique où la critique est de moins en moins tolérée.
Le choix de baptiser un rond-point du nom d’Ibrahim Traoré illustre une forme de personnalisation du pouvoir, fréquente dans les contextes de transition militaire. Il témoigne d’une volonté de renforcer le lien entre l’image du chef de l’État et l’action locale. Toutefois, dans un pays toujours en proie à des attaques djihadistes régulières, ce type d’initiatives ne peut suffire à masquer les attentes urgentes en matière de sécurité et de services publics.