Dans une récente vague d’actions anti-corruption, plusieurs magistrats et des responsables administratifs burundais ont été appréhendés pour leur implication présumée dans des actes de corruption. Au cours des deux derniers mois, une dizaine de magistrats et cinq administrateurs de commune, l’équivalent des maires locaux, ont été arrêtés et placés en détention dans différentes provinces du pays. En parallèle, une quinzaine d’autres administrateurs ont été destitués de leurs fonctions pour des allégations similaires.
Cette série d’arrestations a suscité des réactions diverses au sein de la population burundaise. De nombreux internautes expriment leur satisfaction en considérant ces arrestations comme un pas vers la fin de l’impunité au Burundi. Cependant, plusieurs organisations de la société civile estiment que cette volonté de poursuivre les responsables de la corruption ne concerne pour l’instant que les petits fonctionnaires. Faustin Ndikumana, président de Parcem, une organisation engagée pour la bonne gouvernance, souligne que la corruption est un problème systémique au Burundi et que les arrestations d’administrateurs et de magistrats ne suffisent pas à démontrer une lutte généralisée contre ce fléau. Il fait remarquer que de nombreuses infractions de corruption sont commises au plus haut niveau du gouvernement, sans que des poursuites soient engagées.
La corruption reste un défi majeur dans le pays, et bien que des mesures soient prises pour y faire face, des obstacles subsistent. Par exemple, le président burundais avait donné un ultimatum de deux semaines à son ministre des Mines pour que les responsables du détournement de plus de 30 millions de dollars destinés à la construction d’un barrage dans le nord-ouest du pays restituent les fonds. Cependant, cette injonction n’a pas encore été suivie d’effets, ce qui suscite des inquiétudes quant à la capacité du gouvernement à traiter efficacement les cas de corruption à grande échelle.
La récente série d’arrestations de magistrats et d’administrateurs marque un signal fort de la volonté du gouvernement burundais de lutter contre la corruption. Cependant, pour que cette lutte soit véritablement efficace, il faudra aller au-delà des arrestations ponctuelles et mettre en place une stratégie globale. La société civile, les activistes et la population attendent des actions concrètes pour éradiquer la corruption à tous les niveaux de l’administration. L’affaire des fonds détournés destinés à la construction du barrage dans le nord-ouest du pays sera surveillée de près, car elle pourrait servir de test crucial de la détermination du gouvernement à lutter contre ce fléau endémique.