Le Sénat burundais a validé, le jeudi 3 juillet à Gitega, la nomination des gouverneurs des cinq nouvelles provinces issues du redécoupage administratif lancé par le pouvoir en 2023. Les cinq candidats proposés par le président Évariste Ndayishimiye ont tous été approuvés à l’unanimité lors d’une séance plénière extraordinaire.
Les nouveaux responsables sont : Denise Ndaruhekere pour Buhumuza, Aloys Ndayikengurukiye pour Bujumbura, Parfait Mboninyibuka pour Burunga, Victor Segasago pour Butanyerera, et Liboire Bigirimana pour Gitega. Ces nominations concrétisent l’une des étapes clés de la réforme du maillage territorial burundais, dont l’objectif affiché est de renforcer la gouvernance locale et d’améliorer la gestion des ressources.
Cette réforme administrative, promulguée le 16 mars 2023, a drastiquement réduit le nombre de provinces, passant de dix-huit à cinq. Le gouvernement justifie cette centralisation accrue par la volonté de rationaliser l’administration, de simplifier les circuits décisionnels et de « rapprocher l’État du citoyen ». Le nouveau découpage concerne également les communes et les zones, dans une logique d’uniformisation territoriale.
Si le gouvernement présente cette réforme comme une mesure d’efficacité, certains observateurs y voient un recentrage du pouvoir entre les mains de l’exécutif. En modifiant en profondeur les équilibres locaux et en réduisant le nombre de postes de gouverneurs, le régime renforce son contrôle sur les territoires. La rapidité d’approbation des candidatures, sans véritable débat au Sénat, alimente aussi les critiques sur le manque de consultation.
Dans les mois à venir, ces gouverneurs devront composer avec les attentes d’une population souvent méfiante face à l’État central, et s’atteler à faire vivre des entités encore dépourvues d’institutions pleinement opérationnelles. La question des moyens humains, techniques et budgétaires reste entière, tout comme celle de la coordination avec les autorités communales et les services déconcentrés de l’État.
Au-delà de la nomination des gouverneurs, cette réforme soulève des enjeux plus larges : comment articuler cette nouvelle architecture avec les dynamiques locales existantes ? Quels seront les effets sur les identités régionales et les équilibres politiques internes ? Pour l’heure, le Burundi expérimente une reconfiguration inédite de son territoire. Mais son succès dépendra surtout de sa mise en œuvre concrète sur le terrain, loin des discours technocratiques.