La demande mondiale de café ne faiblit pas. Selon un rapport publié en juin par le Département américain de l’agriculture (USDA), la consommation planétaire devrait atteindre 169,4 millions de sacs de 60 kg durant la campagne 2025/2026, contre 166,5 millions un an plus tôt. Ce nouveau record confirme l’appétit croissant pour la boisson, malgré une flambée des prix sur les marchés.
Le café reste l’une des boissons les plus consommées au monde après l’eau et le thé, et sa progression semble portée à la fois par la fidélité des marchés traditionnels — États-Unis, Union européenne, Brésil — et par l’émergence de nouvelles zones de consommation. L’Indonésie, le Moyen-Orient et surtout la Chine connaissent une montée en puissance spectaculaire de leur demande. Dans l’Empire du Milieu, la consommation a plus que doublé en dix ans, passant de 2,4 à 5,6 millions de sacs. Cette évolution s’explique notamment par l’occidentalisation des habitudes de consommation, en particulier chez les jeunes urbains.
Cette croissance soutenue s’inscrit dans une tendance de fond observée depuis 2015/2016. En dix ans, la consommation mondiale a bondi de plus de 16 millions de sacs. Le café s’est imposé comme un produit culturel global, souvent perçu comme un marqueur de modernité dans des sociétés en mutation. L’essor des grandes chaînes comme Starbucks, mais aussi la montée de marques locales, a contribué à cette diffusion accélérée.
Fait remarquable, la consommation continue d’augmenter alors que les prix ont connu une envolée. En 2024, l’arabica a progressé de 69 %, atteignant jusqu’à 3,48 dollars la livre, tandis que le robusta, utilisé pour le café instantané, a grimpé de 72 %. Pourtant, ces hausses n’ont pas freiné la demande. Selon la FAO, les dépenses en café représentent moins de 1 % du budget des ménages en Europe et aux États-Unis, qui pèsent pour 40 % de la demande mondiale.
Plusieurs facteurs expliquent cette résilience. D’abord, les hausses de prix internationales mettent du temps à se répercuter sur les consommateurs finaux : une augmentation de 1 % des prix mondiaux n’implique qu’un surcoût de 0,24 % dans l’UE après 19 mois, et de 0,2 % aux États-Unis après 13 mois. Ensuite, les grands torréfacteurs comme Nestlé ou Starbucks se protègent contre la volatilité des marchés grâce à des contrats à terme. Enfin, le coût des grains ne représente qu’une fraction du prix payé en boutique : aux États-Unis, le café brut ne compte que pour 1,4 % du prix d’une tasse vendue 5 dollars.
Si les perspectives restent optimistes, cette dynamique mondiale pose tout de même des questions à moyen terme. L’évolution de la demande devra s’accompagner d’une capacité accrue des pays producteurs à répondre sans aggraver les pressions sur l’environnement ni précariser les petits planteurs. À l’heure où les enjeux liés à la durabilité s’intensifient, la filière café sera poussée à repenser ses modèles pour conjuguer croissance, équité et résilience.