Le Conseil constitutionnel camerounais fait face à un déferlement de recours depuis la publication de la liste provisoire des candidats à l’élection présidentielle d’octobre 2025. Trente-cinq requêtes ont été enregistrées depuis le 29 juillet, ciblant aussi bien des candidatures validées que rejetées. La candidature du président sortant Paul Biya fait notamment l’objet de plusieurs contestations pour illégalité présumée.
Plusieurs requérants, menés par Bertin Kissob (candidat recalé), Léon Theiller Onana et Bello Yaya, exigent l’irrecevabilité de la candidature du chef de l’État sortant. Ces opposants dénoncent l’illégalité de la participation du président du RDPC à ce scrutin. Parallèlement, d’autres candidatures validées subissent des contestations internes : Issa Tchiroma Bakary (FSNC) et Hilaire Macaire Nzipang (Mouvement progressiste) voient leurs propres partisans remettre en cause leur légitimité.
L’exclusion de Maurice Kamto, principal opposant et candidat du Manidem, constitue l’épicentre de cette crise juridique. L’ancien ministre a déposé deux recours distincts : l’un contestant l’annulation de la liste des candidats acceptés, l’autre réclamant l’annulation de la résolution rejetant sa candidature. Cette éviction a monopolisé l’attention médiatique nationale, révélant les fractures profondes du processus électoral camerounais.
L’institution dispose de moins de dix jours pour trancher l’ensemble de ces contentieux avant la finalisation définitive de la liste électorale. Des audiences publiques sont programmées prochainement pour examiner chaque dossier. Cette pression temporelle s’ajoute à la complexité politique des enjeux, plaçant le Conseil dans une position délicate entre légalité procédurale et stabilité institutionnelle.
La contestation révèle également les fissures au sein des formations politiques. Le cas du Manidem illustre parfaitement ces tensions : tandis que Maurice Kamto conteste son éviction, Dieudonné Yebga revendique simultanément sa propre candidature au nom du même parti, se présentant comme le “deuxième candidat” de cette formation. Ces divisions internes affaiblissent la cohésion oppositionnelle face au pouvoir en place.
Ces multiples recours constituent un révélateur de l’état du système démocratique camerounais. La capacité du Conseil constitutionnel à traiter équitablement ces contestations déterminera en grande partie la légitimité du scrutin d’octobre. L’issue de ces procédures influencera non seulement la configuration de la course présidentielle, mais également la perception internationale de la transparence électorale au Cameroun.