Réuni ce 28 juin au Palais des congrès de Yaoundé, le parti Union nationale pour la démocratie et le progrès (UNDP) a annoncé, par la voix de son président Bello Bouba Maïgari, sa rupture d’avec le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) de Paul Biya. Dans la foulée, le leader de l’UNDP a officialisé sa candidature à l’élection présidentielle prévue pour octobre 2025.
Ce départ marque la fin d’une alliance politique vieille de plusieurs décennies. Bello Bouba, ministre du Tourisme en fonction, a déclaré devant ses militants : « Le moment est venu d’agir, dans le respect des institutions et pour l’intérêt du peuple camerounais ». Par cette décision, il entend incarner une alternative dans un paysage politique dominé depuis plus de quarante ans par le président Biya. Il n’a toutefois pas précisé s’il quittera immédiatement le gouvernement.
L’UNDP, partenaire fidèle du RDPC depuis les années 1990, faisait partie des rares formations à siéger au gouvernement tout en conservant une identité propre. Sa rupture intervient quelques semaines après celle d’Issa Tchiroma Bakary, autre figure politique du Nord, qui a lui aussi officialisé sa candidature. Ces annonces révèlent un affaiblissement du socle politique nordiste sur lequel reposait en partie la longévité du régime Biya.
À quatre mois du scrutin, ces désengagements successifs bouleversent l’équilibre des forces. Le Grand Nord, longtemps considéré comme un bastion électoral du pouvoir, pourrait basculer vers une opposition structurée. Reste à voir si ces candidatures porteront un projet commun ou s’il s’agira de trajectoires concurrentes, affaiblissant d’éventuels fronts anti-RDPC.
Bello Bouba, ancien Premier ministre dans les années 1980 et plusieurs fois ministre sous Biya, traîne aussi l’image d’un compagnon du pouvoir. Sa candidature pourra-t-elle incarner un véritable renouveau ou souffrira-t-elle d’un manque de crédibilité aux yeux d’une partie de l’électorat, lassée par les figures issues du système ? La question est posée, tant le scrutin de 2025 s’annonce incertain.
La présidentielle de 2025 s’inscrit dans un climat politique chargé, marqué par l’absence d’indications claires sur une éventuelle succession au sommet de l’État. Si Paul Biya se représente ou non, le pays devra faire face à des choix cruciaux pour sa stabilité. L’entrée en scène de figures comme Bello Bouba témoigne d’une fébrilité croissante au sein de l’élite politique, mais aussi d’une volonté de recomposition après des décennies de monopole présidentiel.