Après deux semaines de blocage à la frontière entre le Cameroun et la République centrafricaine, des centaines de camions ont finalement repris la route ce mercredi 4 décembre. Ce corridor est crucial pour la République centrafricaine, tant pour l’approvisionnement en produits de base que pour soutenir l’économie nationale. Les camionneurs camerounais avaient arrêté leurs activités pour protester contre la mort d’un de leurs collègues, tué lors d’un incident sur la route, ce qui a rendu la circulation difficile.
Le corridor Douala-Bangui, long de 1 500 kilomètres, est la seule voie d’accès à la mer pour la République centrafricaine. Ce corridor est très important pour approvisionner le pays en biens essentiels, et plus de 80 % des produits importés arrivent par les ports de Douala et Kribi. Les droits de douane perçus sur ces biens génèrent environ 67,5 millions FCFA, soit une part importante des revenus du pays. L’arrêt du trafic a créé des tensions sur le marché local, avec des pénuries de carburant et une hausse des prix sur le marché noir.
Depuis les attaques de la coalition rebelle CPC visant Bangui, les transporteurs ne voyagent qu’en convoi sous escorte pour des raisons de sécurité. Bien que la situation se soit partiellement stabilisée, ces escortes, initialement fournies par les Nations unies puis par les forces russes, continuent. Le coût de cette escorte, facturé 50 000 FCFA par aller-retour, est une source de frustration pour les camionneurs, surtout en raison du manque de sécurité garanti. La mort du chauffeur Mohamadou Awalou a révélé des abus fréquents contre les transporteurs lors des escortes.
Pour répondre aux revendications des camionneurs, les autorités centrafricaines ont pris des mesures pour rétablir la confiance. Le ministre des Transports centrafricain, Herbert Gontran Djono-Ahaba, a rencontré son homologue camerounais et s’est rendu à la frontière pour discuter avec les routiers. Parmi les mesures annoncées, il y a la suppression des frais de visa à la frontière et la réduction des frais d’escorte pour les camions qui repartent à vide. Le ministre a souligné l’importance d’améliorer la communication entre les forces de sécurité russes et les transporteurs pour éviter les malentendus.
Malgré ces nouvelles mesures, les camionneurs restent méfiants. Selon Magloire Tchoumi, président du syndicat SNP-PLC, beaucoup restent sceptiques quant à la mise en œuvre des promesses des autorités. Les plaintes concernant les rackets, les abus et le manque de sécurité persistent, et les transporteurs veulent voir des actions concrètes avant de se sentir rassurés. Certains espèrent également que les escortes pourront être reprises par les forces de l’ordre centrafricaines ou même camerounaises.
Le corridor Douala-Bangui est essentiel non seulement pour la République centrafricaine, mais aussi pour le Cameroun, qui sert de pays de transit. Les deux gouvernements ont donc tout intérêt à assurer une circulation sécurisée et fluide sur cet axe. Pour les camionneurs, la reprise de la route n’est qu’une première étape, et ils attendent maintenant des améliorations concrètes en matière de sécurité et de conditions de travail. Les autorités sont attendues au tournant pour prouver que leurs promesses aboutiront à des changements réels sur le terrain.