L’opposant camerounais Issa Tchiroma Bakary a fermement rejeté, mercredi 29 octobre 2025, les résultats officiels de la présidentielle et la confirmation de la réélection de Paul Biya, les qualifiant de « mascarade électorale ». Dans une déclaration virulente publiée sur ses réseaux sociaux, l’ancien ministre a appelé ses partisans à poursuivre la mobilisation et annoncé le lancement prochain d’une « troisième étape » dans son affrontement avec le régime en place.
Le leader de l’opposition a détaillé ses griefs, accusant les autorités d’avoir « utilisé leur pouvoir pour imposer leur candidat » lors du scrutin du 12 octobre, qui a accordé 53,66% des voix au président sortant. Il a vivement critiqué le Conseil constitutionnel, dont la décision du 27 octobre a entériné ces résultats, lui reprochant son manque d’impartialité. Tchiroma a directement mis en garde le pouvoir, affirmant que son « impunité touche à sa fin » et qu’il devrait « rendre des comptes » pour avoir, selon lui, « fait couler le sang du peuple ».
Cette crise post-électorale s’inscrit dans un contexte politique camerounais marqué par la longévité exceptionnelle de Paul Biya, au pouvoir depuis plus de quarante ans. Les élections contestées sont une récurrence dans le pays, l’opposition et les observateurs internationaux pointant régulièrement du doigt des irrégularités et un cadre institutionnel perçu comme favorable au sortant. La référence de Tchiroma à la situation des voisins en 2010 vise à inscrire la contestation actuelle dans une dynamique régionale de défiance envers des institutions jugées inféodées au pouvoir exécutif.
Les perspectives immédiates sont celles d’une intensification de la tension politique. L’annonce d’une « troisième étape » de mobilisation, sans que sa nature exacte ne soit précisée, laisse planer la menace d’une escalade des actions de protestation. Cette stratégie place le gouvernement face à un dilemme : réprimer les manifestations, au risque d’alimenter davantage la colère, ou tenter un dialogue dont les modalités semblent aujourd’hui inexistantes. La capacité de Tchiroma à mobiliser durablement dans la rue sera un test décisif pour l’opposition.
L’évolution de la situation dépendra également des réactions au sein de la classe politique et de la société civile. La rhétorique incendiaire de Tchiroma, mélangeant appels à la détermination et accusations directes, cherche à cristalliser un mécontentement au-delà de son seul cercle de partisans. Son parcours singulier, d’ancien ministre du régime à critique virulent, lui confère une stature particulière, mais interroge aussi sur sa stratégie et son audience réelle. La communauté internationale, traditionnellement prudente, surveillera si cette contestation peut déboucher sur une remise en cause durable d’un système politique verrouillé.



