Les premiers constats se dégageant du périple qui a débuté depuis quatre jours et qui s’achève vendredi prochain présentent une pratique approximative du bilinguisme dans les administrations.
Les services publics de la Région du soleil levant doivent fournir davantage d’efforts en matière de promotion du bilinguisme. Ainsi se résument les propos avancés par le Chef de la délégation de la Commission nationale pour la promotion du bilinguisme et du multiculturalisme (CNPBM), au cours de la séance de travail tenue dans la Salle de conférences des services du Gouverneur de l’Est, ce 05 octobre 2022. Cette conclusion découle des descentes effectuées sur le terrain par les membres de la CNPBM, dans le cadre de la mission du suivi et de l’évaluation de la politique nationale de promotion des langues officielles au sein des Collectivités territoriales décentralisées. « Nous sommes dans la ville de Bertoua depuis quatre jours et nous avons constaté que peu d’efforts sont réalisés en matière de bilinguisme, lors de la production des enseignes et des pancartes dans des services publics. Les responsables ne sont forcément pas à blâmer, car ces indications ont probablement été produites avant la promulgation de la loi sur la pratique du bilinguisme dans les administrations, bien que la Constitution stipule dans son article 1 alinéa 3 que les deux langues officielles sont d’égale valeur. Toutefois, nous leur recommandons de s’améliorer dans leur pratique du bilinguisme », précise le Chef de la délégation de la Commission nationale pour la promotion du bilinguisme et du multiculturalisme (CNPBM), George Ngwane Esambe.
En filigrane, la toute première mission qu’effectue la CNPBM auprès des Collectivités territoriales décentralisées (CTD) vise le suivi et l’évaluation de la mise en œuvre effective de la politique nationale des langues officielles au sein de ces entités. « Pour un début, nous voulons faire connaître la loi portant promotion des langues officielles au Cameroun et faire prendre conscience de l’obligation de respecter ses dispositions », argue le Chef de la délégation de la CNPBM. En outre, la Commission œuvre à la promotion du bilinguisme et du multiculturalisme dans l’optique du maintien de la paix, de la consolidation de l’unité nationale et du renforcement de la volonté et de la pratique quotidienne du vivre-ensemble des populations. Hélas, la réalisation de cette mission se heurte à la vulgarisation de discours haineux. « Même s’il n’est pas nouveau, le phénomène a pris des proportions si alarmantes qu’il tend à porter atteinte à l’unité et à l’intégration nationales, à mettre en péril le vivre-ensemble, la cohésion et la stabilité sociales. De plus, le discours de haine et la xénophobie sont des vecteurs de la politique identitaire, qui conduit au dénigrement, à la suspicion, à l’exclusion et au rejet de l’autre. Ils contribuent en outre à manipuler et à exacerber nos différences, pourtant la beauté et la richesse de notre diversité devaient servir de fondement à un pays fort, stable et prospère », pense Jean Marc Afesi Mbafor, membre de la CNPBM. Pour l’heure, les actions phares tournent autour de la sensibilisation, mais il n’est pas exclu que des sanctions soient envisagées dans les années à venir.
Quelques recommandations ont ponctué la séance de travail, notamment le recrutement des traducteurs professionnels pour des tâches de traduction, l’inscription des enseignes dans des services publics en français et en anglais dans les mêmes calibres et le développement d’un réseau social employant les deux langues. L’Inspecteur général des services du gouverneur de la Région de l’Est qui présidait lesdits travaux a indiqué, que les recommandations et les constats réalisés dans les services publics ont été notés et le tir sera rectifié dans de brefs délais. La rencontre s’est déroulée en présence des représentants du Préfet du département du Lom et Djerem, du Président du conseil régional de l’Est et de certains délégués régionaux. La séance s’est achevée par une remise de cadeau.
Bibiane Emeline Nnang