Un mouvement de grève des transporteurs routiers a paralysé pendant plusieurs jours l’un des principaux corridors commerciaux du Cameroun, sur la nationale 1, dans la région de l’Adamaoua. À l’entrée de Meiganga, des centaines de camions se sont immobilisés, empêchant le passage vers le Nord du pays ainsi que vers le Tchad et la Centrafrique.
À l’origine du blocage, une altercation entre un gendarme et un conducteur, ce dernier ayant été giflé lors d’un contrôle à la sortie de Meiganga. Ce geste a ravivé une colère latente chez les transporteurs, déjà remontés contre ce qu’ils dénoncent comme des tracasseries répétées, des postes de contrôle abusifs et des pratiques de corruption qui alourdissent leurs trajets. Ils affirment que les autorités n’ont pas tenu leurs engagements après un premier mouvement de grève intervenu dans la foulée des violences postélectorales d’octobre 2025.
Le ministère des Transports avait promis un allègement des contrôles et la suspension de plusieurs postes jugés irréguliers ou excessifs. Mais sur le terrain, les transporteurs assurent que rien n’a changé. C’est ce fossé entre les annonces et la réalité qui a nourri le mouvement actuel, transformant un incident isolé en crise sociale majeure sur un axe vital pour l’économie camerounaise et le commerce sous-régional.
Après cinq jours de blocus, les tentatives de médiation des autorités locales ont échoué, conduisant à une intervention des forces armées dans la nuit du 6 au 7 décembre pour dégager la voie. Le trafic a finalement repris, mais de manière encore hésitante. Plusieurs camions demeurent stationnés sur place, et un climat de méfiance persiste entre les transporteurs et les forces de sécurité.
Cette crise met en lumière les difficultés structurelles du transport routier au Cameroun. Les camionneurs évoquent des coûts informels en hausse, des délais rallongés et des risques accrus pour les marchandises comme pour les conducteurs. La répétition de ces tensions fait craindre une nouvelle série de perturbations si les autorités ne parviennent pas à rétablir la confiance et à mettre fin aux pratiques dénoncées.
Le corridor de l’Adamaoua est un passage clé pour l’approvisionnement du Nord du Cameroun et pour le commerce avec le Tchad et la Centrafrique. Tout blocage a des répercussions immédiates sur les prix, la sécurité alimentaire et l’activité économique dans la région. Si les mesures promises ne sont pas appliquées, les transporteurs préviennent déjà qu’ils pourraient à nouveau recourir à la grève.



