À moins de six mois des élections présidentielles prévues en octobre 2025, le député et président du PCRN, Cabral Libii, a officiellement lancé une campagne de collecte de fonds. Cet événement s’est déroulé au siège de son parti, en présence de forces de l’ordre, aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur du bâtiment. L’initiative intervient dans un contexte politique tendu, alors que le gouvernement conteste toujours sa légitimité à la tête du PCRN, malgré ses ambitions de se présenter à la présidentielle.
L’événement de collecte de fonds a été marqué par une atmosphère de tension. Avant le début de la prise de parole de Cabral Libii, des éléments des forces de l’ordre ont fait irruption dans les couloirs du siège du PCRN, créant une brève panique parmi les membres présents. Des rumeurs ont circulé concernant une éventuelle interdiction de la réunion, mais celles-ci ont été rapidement dissipées après un huis clos dans un bureau. Lorsque Cabral Libii a pris la parole, il a annoncé l’ouverture officielle de sa campagne et a dénoncé ce qu’il qualifie d’acharnement de la part des autorités.
Cette collecte de fonds intervient dans un climat politique particulièrement tendu. Depuis plus d’un an, le PCRN, dirigé par Cabral Libii, se trouve confronté à des obstacles administratifs. Le ministère de l’Administration territoriale refuse de reconnaître sa présidence, mettant en avant des problèmes de gouvernance interne, après qu’un autre membre fondateur, Robert Kona, ait revendiqué la direction du parti. Cette situation a conduit à une paralysie des initiatives du PCRN, mais Cabral Libii persiste et met en avant des décisions judiciaires qui, selon lui, confirment sa légitimité en tant que président du parti.
Bien que Cabral Libii mène une campagne active de levée de fonds, sa candidature à la présidentielle n’est toujours pas garantie. Il fait face à de nombreux blocages, notamment le refus du gouvernement de reconnaître sa présidence au sein du PCRN. Cependant, l’opposant reste déterminé et se dit confiant dans le respect des décisions judiciaires. “Tant que je serai à l’abri de l’État de droit, je serai toujours confiant dans les institutions de la République”, a-t-il déclaré, réaffirmant sa volonté de se présenter aux élections.
Cabral Libii rejoint ainsi Maurice Kamto du MRC et Jean-Blaise Gwet du MPCC parmi les candidats déclarés à la présidentielle de 2025. Maurice Kamto, arrivé deuxième lors de la précédente élection de 2018, a également lancé sa propre collecte de fonds avec un objectif de lever plus de six milliards de FCFA, tandis que Jean-Blaise Gwet vise la somme de 13 millions d’euros (près de 9 milliards de FCFA). Cette dynamique de levée de fonds indique un renforcement de l’opposition, mais aussi une rivalité de plus en plus marquée entre les figures de l’opposition camerounaise.
À l’approche de l’élection présidentielle, la situation politique au Cameroun s’annonce incertaine. L’opposition semble plus que jamais divisée, mais elle reste déterminée à défier un pouvoir en place qui, selon certains observateurs, cherche à renforcer son emprise sur les institutions. La campagne de collecte de fonds de Cabral Libii pourrait constituer un tournant pour sa candidature, qui reste néanmoins sous la menace d’obstacles administratifs et politiques.