Au Cameroun, le ministère de l’Administration territoriale a interdit tout débat public concernant la santé du président Paul Biya, une décision qui a provoqué de vives réactions dans le pays. L’absence prolongée du président, âgé de 91 ans, qui n’a plus été aperçu en public depuis septembre 2024, a suscité de nombreuses rumeurs et spéculations, poussant le gouvernement à prendre des mesures drastiques pour tenter de contrôler la situation.
Dans un communiqué publié le jeudi 10 octobre, le ministre de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji, a annoncé que tout débat sur l’état de santé du président était désormais interdit. Selon le ministre, de telles discussions constituent une menace à la sécurité nationale. Par conséquent, il a ordonné aux gouverneurs de mettre en place des cellules de surveillance pour enregistrer les émissions médiatiques et identifier les personnes diffusant des commentaires jugés inappropriés ou alarmants.
Cette interdiction survient dans un contexte où l’absence prolongée de Paul Biya nourrit les interrogations et inquiétudes dans le pays. Depuis plusieurs semaines, des rumeurs persistantes sur la dégradation de son état de santé ont alimenté les médias, poussant le gouvernement à prendre une position rigide. Paul Biya, à la tête du pays depuis 1982, est l’un des dirigeants les plus âgés encore en fonction, et sa santé est régulièrement un sujet de spéculation au Cameroun.
La décision de censurer ces débats a suscité des inquiétudes parmi les médias et les acteurs politiques. Boney Philippe, directeur de Vision 4, a exprimé sa préoccupation concernant l’impact de cette mesure sur la liberté d’expression et la démocratie. De son côté, Bouba Ngomena, présentateur de Canal Presse, a estimé que cette initiative vise à affaiblir la liberté des journalistes et interfère avec les prérogatives du ministère de la Communication. Plusieurs personnalités politiques ont également dénoncé cette mesure, accusant le ministère de l’Administration territoriale de vouloir instaurer un climat de répression.
Cette restriction s’inscrit dans un contexte de fragilité accrue de la liberté de la presse au Cameroun. La volonté de limiter les débats sur la santé du président est perçue par beaucoup comme une tentative supplémentaire de restreindre l’espace démocratique. Cette décision pourrait également avoir un impact négatif sur la perception internationale du Cameroun, à un moment où le pays cherche à redorer son image sur la scène diplomatique.
Pour l’instant, la presse et la société civile continuent de suivre de près les répercussions de cette interdiction. Les journalistes craignent que cette mesure annonce une période encore plus difficile pour la liberté de la presse, déjà mise à mal par diverses pressions. La gestion de cette situation dans les jours à venir jouera un rôle crucial dans l’avenir du débat public et de la liberté d’expression au Cameroun.