L’opposant camerounais Maurice Kamto n’a pas pu tenir sa rencontre prévue avec ses partisans à Douala ce dimanche 8 juin. À son arrivée la veille au soir dans la capitale économique, sa résidence a été aussitôt encerclée par un important dispositif policier, l’empêchant de quitter les lieux. Depuis cet endroit, il a pris la parole dans une courte vidéo diffusée en ligne pour dénoncer ce qu’il qualifie de « séquestration », appelant ses partisans à éviter l’affrontement et à rentrer chez eux.
Le président du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) avait prévu une halte à Douala avant de rallier Yaoundé. Le siège local de son parti, situé dans le quartier Deido, avait rassemblé plusieurs milliers de sympathisants. Mais en l’absence de leur leader, bloqué par les forces de l’ordre, la foule est restée dans l’attente. La tension est montée au fil de la journée, face à une présence sécuritaire massive. En fin d’après-midi, Maurice Kamto a pris la parole dans une vidéo de deux minutes pour dénoncer l’attitude des autorités régionales et rappeler qu’aucune activité formelle ne nécessitait une déclaration préalable.
Depuis plusieurs années, les autorités camerounaises imposent des restrictions systématiques aux activités du MRC. En 2020 déjà, Maurice Kamto avait été assigné à résidence pendant plusieurs semaines, après avoir contesté la réélection de Paul Biya. L’opposant, arrivé de Paris pour relancer sa dynamique en vue de la présidentielle de 2025, se heurte une fois de plus à des blocages institutionnels. La moindre de ses apparitions publiques semble perçue comme un risque d’instabilité.
La foule réunie au siège du parti à Douala témoignait d’une mobilisation réelle. Des chants et des slogans à la gloire de Kamto ont été entonnés toute la journée, sous l’œil vigilant des forces de sécurité. Bien que l’opposant ait appelé à la démobilisation pour éviter tout incident, l’ambiance sur place reflétait une frustration palpable. De nombreux militants ont exprimé leur colère face à ce qu’ils considèrent comme un abus de pouvoir, dénonçant une tentative d’intimidation politique.
La situation vécue ce week-end à Douala illustre les difficultés persistantes pour l’opposition à exercer ses droits au Cameroun. À quelques mois de l’échéance présidentielle, les restrictions imposées à Kamto interrogent sur l’ouverture de l’espace démocratique. Si la journée s’est achevée sans heurts, les prochains jours s’annoncent décisifs : une nouvelle tentative de rassemblement est redoutée par les autorités, dans un contexte où la moindre étincelle pourrait faire basculer la situation.