Depuis plusieurs semaines, l’Extrême-Nord du Cameroun est le théâtre d’une recrudescence des attaques de Boko Haram. Alors que la secte terroriste était considérée comme affaiblie, les récents événements montrent un regain d’activité marqué par des meurtres, des enlèvements et des destructions de villages. Les autorités camerounaises, conscientes de la menace, ont annoncé une intensification des mesures de sécurité.
Les statistiques révèlent l’ampleur des dégâts : une vingtaine de morts entre août et novembre, des dizaines d’otages et des attaques contre des symboles de l’autorité publique, comme un poste de gendarmerie. Le mode opératoire reste inchangé : incursions nocturnes, enlèvements pour rançons, et pillages visant à assurer la survie du groupe. Ces actes démontrent la persistance de Boko Haram malgré une défaite militaire qui a réduit son contrôle territorial.
Historiquement affaiblie par des pertes territoriales et des rivalités internes, la secte a profité d’un relâchement de vigilance des forces armées pour se réorganiser. La crise interne qui a suivi la mort de leur chef, Abubakar Shekau, avait temporairement réduit leur capacité d’action. Cependant, cette accalmie n’a pas été exploitée par les États de la région, laissant Boko Haram reprendre ses attaques asymétriques.
Les spécialistes avertissent que cette guerre asymétrique pourrait se prolonger. Les failles dans les dispositifs sécuritaires, exacerbées par le retrait de la force Barkhane et le déclin du G5 Sahel, ont ouvert la voie à un déplacement des combattants vers le Sud. L’absence de stratégies concertées au niveau régional aggrave la situation, rendant toute victoire durable difficile.
Pour contrer cette menace, les autorités camerounaises ont relevé le niveau d’alerte dans les zones les plus exposées. Des mesures spécifiques, telles que le renforcement des effectifs militaires et une surveillance accrue des couloirs de mobilité, ont été mises en œuvre. Cependant, ces efforts sont jugés insuffisants par certains experts, qui appellent à une révision stratégique plus ambitieuse.
Malgré l’ampleur de la menace, des voix critiques s’élèvent pour souligner la gestion inefficace des ressources militaires et l’absence de coordination régionale. Les habitants de l’Extrême-Nord, pris en étau entre les attaques et l’exode, appellent à une intervention plus décisive. Les défis posés par Boko Haram rappellent que, malgré son affaiblissement apparent, cette organisation terroriste reste une menace résiliente.