La question de la gestion de l’identité et de la lutte contre la traite des personnes le long des frontières camerounaises avec les pays voisins que sont le Congo et la République centrafricaine (RCA) préoccupe l’Organisation internationale de la migration (OIM). Cette problématique justifie la tenue à Bertoua, les 18 et 19 janvier 2023 de l’atelier conjoint de renforcement de capacités des agents frontaliers le long de la frontière orientale avec la RCA, sur la gestion de l’identité et la lutte contre la traite des personnes et le trafic des migrants, y compris sur les solutions numériques potentielles. En effet, la traite des personnes est un crime grave touchant les pays du monde. L’éclatement des conflits ou le commerce exercé le long des frontières entre les Camerounais, les Congolais et les Centrafricains ayant quelques fois de liens de parenté, et qui ne possèdent pas parfois de pièce d’identité exacerbent la vulnérabilité à la traite. En outre, l’intense trafic favorise l’activité des passeurs et il urge de mettre en place un système de gestion des identités, jouant un rôle essentiel dans la facilitation des interactions entre les personnes et les institutions installées le long de la frontière. D’où la nécessité de la mise à disposition des acteurs postés le long des entrées du pays, des outils d’identification des acteurs impliqués dans la traite des personnes ou dans le trafic illicite des migrants.
La victime étant toujours en situation de vulnérabilité, son identification s’opère à travers un ensemble d’interrogations clés, utile à l’intervenant social. « Il est question d’accéder à des informations relatives au nom, au sexe, à l’âge, à la religion, aux antécédents médicaux, aux antécédents judiciaires, au statut matrimonial, au niveau scolaire, au quartier, à l’occupation, à l’objet du déplacement, mais aussi aux besoins réels actuels et futurs exprimés par la victime à l’issue d’un Consentement libre préalable et éclairé (CLIPE) », explique Bruno Hervé Nkanjo, consultant OIM. Une fois le cas avéré, il est question de notifier immédiatement l’unité de traite des personnes ou de trafic illicite de migrants, de traiter la personne comme une victime de la grande criminalité, de faciliter l’orientation de la personne vers un service d’aide aux victimes spécialisées, de gérer l’affaire avec toute la confidentialité requise par une enquête judiciaire potentielle et si la personne est mineure non accompagnée, de faciliter son orientation vers un tuteur.
Dans un autre chapitre, l’inadéquation de droit à l’immigration régulière accroît la vulnérabilité des personnes exposées à la violence, à l’exploitation et au mauvais traitement. « Dans plusieurs régions du monde, la traite et le trafic d’êtres humains constituent une activité illicite, très lucrative engendrant d’immenses souffrances. De plus, la politisation croissante de la migration entraîne la détérioration de perspectives pour les migrants », déplore Franck Olivier Mbang, représentant du Chef du Bureau de l’Organisation internationale pour la migration de Bertoua à l’atelier. C’est ainsi, que l’organisme onusien accompagne le gouvernement camerounais dans l’évaluation de l’état de santé physique et mentale des migrants avant leur départ aux fins de leur réinstallation. Pour ce qui concerne les réfugiés, il s’agit du transport depuis les sites, en collaboration avec le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés, d’examens médicaux et de la mise en œuvre de leur orientation culturelle.
Bibiane Emeline NNANG.