Deux jours après le rejet définitif de sa candidature par le Conseil constitutionnel, Maurice Kamto est sorti de son silence. Le leader du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) dénonce une opération délibérée orchestrée par le régime en place pour l’empêcher de participer à l’élection présidentielle prévue le 12 octobre 2025. Pour l’opposant, cette exclusion ne relève ni d’un accident juridique ni d’une erreur administrative, mais d’une volonté politique assumée de le neutraliser.
Candidat cette fois sous la bannière du Manidem, Kamto affirme avoir respecté toutes les procédures de dépôt de candidature. Pourtant, sa demande a été rejetée par Élections Cameroon (ELECAM) le 26 juillet, puis écartée définitivement par le Conseil constitutionnel le 5 août pour cause de « pluralité d’investiture ». Il accuse le régime d’avoir fabriqué un faux président du Manidem ainsi qu’une seconde candidature fantoche pour créer artificiellement un conflit interne et invalider la sienne. Son recours a été jugé irrecevable. Pour Kamto, le verdict était scellé d’avance.
Cette exclusion s’inscrit dans un contexte marqué par l’affaiblissement systématique des forces d’opposition. Le boycott par le MRC des législatives et municipales de 2020, en réaction au manque de transparence électorale, a privé le parti d’élus, condition pourtant nécessaire pour présenter un candidat selon la loi électorale. Kamto dénonce également le report unilatéral des élections locales, initialement prévues en février 2025 et repoussées à mars 2026, comme une manœuvre destinée à priver son parti d’ancrage institutionnel.
Au-delà du régime, l’opposant pointe du doigt une série d’acteurs qu’il estime impliqués dans son éviction : ELECAM, le ministère de l’Administration territoriale, la justice, mais aussi les Nations unies. Kamto accuse l’ONU d’avoir signé un accord secret avec ELECAM le 9 mai 2025, prétendument pour garantir la transparence du scrutin, mais sans en dénoncer les dérives. « La communauté internationale s’est assise sur les valeurs qu’elle prétend défendre », a-t-il lancé, amer.
Maurice Kamto a tenu à remercier les formations politiques ayant soutenu sa candidature, notamment le FCC, l’APC et le président du Manidem, Anicet Georges Ekane. Il a également salué la fidélité des militants du MRC, les appelant à rester mobilisés. Dans le même élan, il a annoncé la clôture de la levée de fonds pour sa campagne et le remboursement des contributions via les circuits bancaires et les plateformes de mobile money.
Le Conseil constitutionnel a validé douze candidatures pour le scrutin présidentiel, excluant celle de Kamto au motif de « pluralité d’investiture ». Sur 35 recours déposés, seul celui du candidat Hilaire Nzipang du Mouvement progressiste a été retenu. Finaliste de la présidentielle de 2018, crédité alors de 14 % des voix, Kamto se retrouve écarté d’un scrutin crucial. Son avocat, Me Hippolyte Meli Tiakouang, a dénoncé une décision « à 97 % politique ». « Je suis debout et resterai à vos côtés. La lutte continue », a conclu Kamto, résolu à maintenir son combat hors des urnes.