Un militant du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC), parti au pouvoir, a saisi la justice pour demander l’organisation d’un congrès. Léon Theiller Onana, conseiller municipal et membre du RDPC depuis 2019, souhaite redynamiser le parti en organisant un congrès dont le dernier s’est tenu en 2011. Il plaide pour la désignation d’un mandataire afin de lancer cette initiative dans la perspective de la présidentielle d’octobre 2025, à laquelle Paul Biya pourrait briguer un huitième mandat.
Léon Theiller Onana estime que les statuts du RDPC sont clairs : un congrès doit se tenir tous les cinq ans. Le dernier en date ayant eu lieu en 2011, il considère que les dirigeants actuels du parti ont dépassé leur mandat. Il souligne également que le président du RDPC, Paul Biya, ne doit pas occuper cette fonction alors qu’il est aussi candidat à la présidence. Pour lui, ce statu quo empêche tout renouvellement des idées et des orientations du parti, et il souhaite voir émerger une nouvelle génération de dirigeants capables de répondre aux attentes de la base militante.
Le RDPC, fondé en 1985, est dominé depuis sa création par Paul Biya, président du Cameroun depuis 1982. Le parti est souvent critiqué pour son absence de renouvellement et la concentration des pouvoirs autour de Biya. Depuis plusieurs années, des voix se sont élevées au sein même du RDPC pour demander des réformes internes, mais ces appels sont souvent étouffés. La demande de Léon Theiller Onana intervient dans un contexte politique tendu, où la question du leadership et du renouvellement des générations au sein du pouvoir est devenue un sujet sensible à l’approche des élections.
Le militant a saisi le tribunal administratif de Yaoundé pour faire valoir ses droits. Cependant, la direction du RDPC, par l’intermédiaire de son porte-parole, Patrick Rifoe, défend l’idée que les statuts du parti permettent la prolongation des mandats, notamment par la réunion d’un bureau politique. Selon Rifoe, la démarche d’Onana semble vouée à l’échec, car ce dernier n’a pas épuisé les recours internes. De plus, il estime qu’Onana agit seul, sans soutien significatif, et qu’il n’a pas les troupes nécessaires pour influencer le cours des événements. Le procès prévu le 17 avril 2025 pourrait donner lieu à un nouveau bras de fer judiciaire et politique.
Malgré les doutes exprimés par la direction du RDPC, Léon Theiller Onana affirme avoir reçu de nombreux soutiens de la part de militants du parti. Cependant, il a également été victime d’intimidations. Certains lui ont fait comprendre que sa démarche pourrait lui coûter cher, en l’associant notamment au cas du journaliste Martinez Zogo, assassiné en janvier 2022. Mais Onana reste déterminé à mener son combat, non pas pour fonder un nouveau parti, mais pour insuffler un changement à l’intérieur même du RDPC, et par extension, dans le pays.
Le cas de Léon Theiller Onana met en lumière une lutte de génération au sein du RDPC, entre les partisans du statu quo et ceux qui appellent à un renouveau. À quelques mois de la présidentielle, ce débat pourrait avoir des répercussions sur le futur du parti, et au-delà, sur le paysage politique camerounais. Les militants de la jeune génération semblent désireux de voir une nouvelle équipe à la tête du RDPC, capable de réformer le pays. Mais face aux résistances internes et à l’absence de soutien institutionnel, la voie du changement apparaît semée d’embûches.