Mohamed Abdullah Warsame, un ancien combattant d’Al-Qaïda ayant côtoyé Oussama Ben Laden, a été arrêté à Montréal après avoir proféré des menaces inquiétantes dans un refuge pour sans-abri. Il aurait affirmé vouloir constituer un groupe armé et tuer jusqu’à « un million de personnes » à l’aide de bombes placées dans des transports publics. Les propos ont été jugés suffisamment graves pour justifier son internement temporaire en psychiatrie.
C’est un travailleur social de la Mission Old Brewery qui a alerté les autorités après un échange avec Warsame, 51 ans, arrivé récemment à Montréal. Selon ce professionnel, l’homme lui aurait confié en arabe savoir fabriquer des explosifs, vouloir les utiliser dans des avions et métros, et avoir pour ambition de déclencher des massacres de masse. Il aurait également évoqué des visions de nature religieuse et des épisodes de torture. La police l’a ensuite transféré vers des établissements hospitaliers, où il a été placé en détention psychiatrique.
D’origine somalienne, Warsame a quitté son pays en 1989 avant d’obtenir la citoyenneté canadienne. En 2000, il rejoint les camps d’entraînement d’Al-Qaïda en Afghanistan, puis s’installe aux États-Unis où il continue à entretenir des liens avec le groupe terroriste. Condamné en 2009 à 92 mois de prison pour soutien matériel à Al-Qaïda, il est expulsé vers le Canada en 2010. Depuis, son parcours reste flou. Les enquêteurs cherchent désormais à reconstituer ses déplacements et contacts de ces quinze dernières années.
Placé sous mandat de détention de 30 jours à l’Institut Philippe-Pinel, Warsame doit faire l’objet d’une évaluation psychiatrique pour déterminer s’il est pénalement responsable de ses actes. Le tribunal a justifié cette mesure par des indices sérieux de troubles mentaux, qui pourraient influencer la suite de la procédure judiciaire. Une première expertise a déjà confirmé son aptitude à subir son procès. L’examen de sa responsabilité criminelle est toujours en cours.
L’arrestation de Warsame a été menée par l’Équipe intégrée sur la sécurité nationale (EISN), qui regroupe la Gendarmerie royale du Canada (GRC), la Sûreté du Québec, la police de Montréal et d’autres services de renseignement. Ce dispositif coordonne les enquêtes liées aux menaces terroristes sur le territoire québécois. Dans cette affaire, c’est le Centre de coordination provinciale de la menace (CCPM) qui a été saisi dès le signalement du travailleur social.
Ce dossier met en lumière les risques que peuvent poser certains profils isolés au passé radicalisé. La situation de Mohamed Warsame, entre troubles mentaux présumés et antécédents terroristes avérés, soulève des questions sur les mécanismes de suivi post-condamnation pour les anciens détenus liés à des groupes djihadistes. Les autorités devront déterminer si l’homme représente une menace sérieuse ou s’il relève uniquement d’une prise en charge psychiatrique.