Le président centrafricain Faustin-Archange Touadéra a été désigné, ce 25 juillet à Bangui, candidat du Mouvement Cœurs Unis (MCU) à l’élection présidentielle prévue en décembre. Cette investiture, actée lors du deuxième congrès ordinaire du parti cette année, intervient alors que la nouvelle Constitution, adoptée en 2023, autorise le chef de l’État sortant à se représenter.
Réunis dans la capitale, des centaines de militants et cadres du MCU ont unanimement soutenu la candidature de Touadéra. Arthur Bertrand Piri, membre du bureau politique, a affirmé que l’annonce s’est faite « de manière démocratique », à main levée, sans opposition. Les congressistes ont également entériné les candidatures du parti aux scrutins législatifs et municipaux, prévus à la même échéance.
La candidature de Touadéra n’aurait pas été envisageable sans la révision constitutionnelle du 30 août 2023. Ce texte, fortement critiqué par l’opposition et certains observateurs internationaux, supprime la limitation des mandats présidentiels. Il ouvre ainsi la voie à une présidence potentiellement illimitée, consolidant le pouvoir du MCU dans un pays marqué par l’instabilité institutionnelle.
L’élection de décembre s’annonce décisive pour l’avenir politique de la Centrafrique. Si les partisans de Touadéra mettent en avant les progrès en matière de sécurité et de stabilisation, les défis restent majeurs. La persistance des tensions dans certaines régions, les accusations d’ingérence russe via les mercenaires de Wagner et les fragilités économiques font planer des incertitudes sur la capacité du régime à garantir un scrutin crédible et apaisé.
Lors du congrès, les militants ont affiché leur enthousiasme dans une ambiance festive. Arborant les couleurs du parti, venus de toutes les régions du pays et de la diaspora, ils ont salué les « réussites » du président sortant. Pour Dolo, sympathisant du MCU, « la paix est revenue à 96 % » grâce à Touadéra, un chiffre invérifiable mais martelé comme slogan au sein du parti.
À ce stade, aucune réaction majeure de l’opposition n’a été enregistrée après cette investiture. Plusieurs partis avaient déjà dénoncé la réforme constitutionnelle comme un coup de force. Il reste à voir s’ils présenteront un candidat unique ou fragmenteront le vote, ce qui favoriserait Touadéra. La campagne officielle devrait s’ouvrir dans les semaines à venir, dans un climat que beaucoup annoncent tendu.