La République centrafricaine a récemment fêté la fin des dernières restrictions imposées par le Processus de Kimberley sur les exportations de diamants. Cette décision, prise à la mi-novembre, est une étape importante pour le pays, qui voit ses efforts récompensés pour essayer de rendre le secteur minier plus légal et transparent. Cependant, tout n’est pas encore réglé, car l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE) a suspendu la participation du pays, soulignant des problèmes persistants.
Même après la levée des restrictions, l’ITIE a suspendu la Centrafrique à la suite de son évaluation annuelle. Avec un score “faible” de 45 points, le pays n’a pas réussi à atteindre les critères de transparence, surtout en ce qui concerne la participation de la société civile. Par exemple, des interdictions de voyager ont empêché certains représentants de la société civile de se rendre dans des zones minières importantes. En plus de cela, il reste des questions sans réponse sur la manière dont certains permis miniers ont été accordés, notamment à des entreprises liées au groupe Wagner.
La Centrafrique a connu de nombreuses crises au fil des ans. Le pays avait déjà été suspendu par l’ITIE en 2013, avant que cette suspension ne soit levée en 2021. Depuis, le gouvernement a obtenu des levées partielles de l’embargo sur les diamants en 2015 et 2018. Le pays compte 24 zones d’exploitation de diamants, qui étaient toutes sous restrictions. La levée totale en 2023 est donc une victoire pour le gouvernement, même si les exportations restent bien inférieures à ce qu’elles étaient avant l’embargo : elles s’élèvent à 12,26 millions de dollars, contre 63,77 millions en 2012.
Pour lever la suspension de l’ITIE, la Centrafrique a jusqu’à janvier 2027 pour mettre en œuvre des réformes concrètes sur la transparence et la participation citoyenne. Helen Clark, la présidente de l’ITIE, a encouragé le gouvernement à agir rapidement. Le Secrétariat international de l’ITIE suivra de près les progrès réalisés. Cette période est essentielle pour le pays, qui pourra demander une nouvelle évaluation pour montrer ses avancées et potentiellement lever la suspension.
La transparence dans le secteur minier est très importante pour que l’économie de la Centrafrique puisse se stabiliser. L’exemple de la République démocratique du Congo montre les avantages de la transparence : en rendant publics les contrats miniers avec la Chine, cela a permis de renégocier ces contrats et de générer des milliards de dollars supplémentaires pour le pays. Une démarche similaire pourrait aider la Centrafrique, si elle parvient à rendre son secteur minier plus transparent.
En attendant de voir les effets concrets de la fin de l’embargo sur les revenus du secteur des diamants, le gouvernement centrafricain doit assumer ses responsabilités. Pour attirer des investisseurs et assurer une croissance durable, la transparence et la collaboration avec la société civile seront essentielles. Les prochains mois seront cruciaux pour montrer si le pays peut transformer cette première victoire en un succès durable.