En Centrafrique, à moins de cinq mois des élections générales prévues le 28 décembre, la participation de l’opposition reste incertaine. Si l’Autorité nationale des élections (ANE) a validé le chronogramme du quadruple scrutin – présidentiel, législatif, régional et communal – la plateforme BRDC (Bloc républicain pour la défense de la constitution) persiste à contester la légitimité de la Constitution adoptée en 2023 et dénonce les conditions de préparation du vote.
Le BRDC réclame depuis un an la tenue d’un dialogue politique national avant toute échéance électorale, une demande restée sans suite. Cette semaine, le ministre de l’Administration du territoire, Bruno Yapande, a réouvert la porte à cette option, affirmant que le gouvernement restait « résolument engagé » pour garantir un processus électoral inclusif. Il assure que l’opposition, y compris les partis du BRDC, peut encore intégrer le jeu démocratique.
Depuis plusieurs mois, la relation entre le pouvoir et l’opposition oscille entre gestes d’ouverture et propos dissuasifs. En mars, le président Faustin-Archange Touadéra avait tendu « la main » aux opposants, mais en juillet, il affirmait ne pas vouloir livrer le pays aux « intérêts égoïstes » de ceux qui l’auraient plongé dans le chaos. La méfiance du BRDC est renforcée par son rejet de la Constitution de 2023, adoptée dans un contexte de tensions politiques et de soupçons sur la transparence du processus référendaire.
La relance du dialogue politique par le gouvernement pourrait, en théorie, désamorcer le boycott de l’opposition. Toutefois, aucun calendrier ni modalité précise n’a été avancé, et les divergences sur les règles du jeu restent profondes. Un blocage persistant pourrait fragiliser la crédibilité du scrutin, voire entraîner des contestations post-électorales susceptibles d’aggraver l’instabilité du pays.
Pour Martin Ziguélé, porte-parole du BRDC, les déclarations de Bruno Yapande relèvent davantage d’une opération de communication destinée aux bailleurs de fonds qu’une réelle volonté politique. « S’ils veulent du dialogue, ils n’ont pas besoin de le crier sur les toits. Ils connaissent nos adresses, nous sommes à Bangui », affirme-t-il, tout en rappelant que l’opposition réclame un échange direct avec le chef de l’État, sous la médiation d’un tiers neutre, pour aborder les questions de gouvernance et d’éligibilité.
Le BRDC, qui compare la situation actuelle à un « piège à rat », laisse entendre que sa participation au scrutin dépendra de la mise en place de garanties crédibles. Faute de consensus, les élections de décembre pourraient se dérouler dans un climat de défiance, avec un risque élevé de contestation des résultats.