À quelques mois des élections présidentielles prévues en décembre, le gouvernement centrafricain a annoncé l’ouverture d’un dialogue politique avec l’opposition. Cette initiative, confirmée par Fidèle Gouandjika, conseiller spécial du président Faustin-Archange Touadéra, intervient dans un contexte de tensions politiques croissantes. Bien que le président, tout en se concentrant sur les affaires internes du pays, n’ait pas encore officiellement annoncé sa candidature, celle-ci semble inévitable, selon de nombreux observateurs. L’opposition, quant à elle, reste fermement opposée à un éventuel troisième mandat du président et prépare une nouvelle manifestation.
Le président Touadéra avait déjà laissé entendre cette possibilité lors d’un discours prononcé le 30 mars, à l’occasion du quatrième anniversaire de son second mandat. Il avait notamment évoqué l’idée de tendre la main au Bloc républicain pour la défense de la constitution (BRDC), dans le but de “consolider la paix par le dialogue”. Fidèle Gouandjika a précisé que des membres du gouvernement, ainsi que d’autres institutions républicaines, seraient chargés de mettre en œuvre cette initiative. Toutefois, le conseiller a insisté sur le fait que le gouvernement attendait des propositions concrètes du BRDC pour entamer les discussions.
L’initiative de dialogue survient dans un climat politique tendu. Depuis plusieurs mois, l’opposition a exprimé de vives inquiétudes concernant la possibilité d’un troisième mandat pour Faustin-Archange Touadéra, ce qui est interdit par la constitution. En réponse à ces craintes, le président a récemment pris des mesures pour apaiser la situation, comme lorsqu’il a désavoué son ministre de l’Intérieur, en ordonnant la levée de l’interdiction d’une manifestation de l’opposition prévue en avril. Ce geste a été perçu comme un signe d’ouverture, bien que des critiques subsistent quant à l’authenticité de la démarche.
Le dialogue politique annoncé pourrait marquer un tournant dans les relations entre le gouvernement et l’opposition, mais les scepticismes demeurent. Le BRDC, par la voix de son coordinateur Me Crépin Mboli Goumba, s’est montré ouvert à l’idée de discuter, tout en critiquant l’aspect “médiatique” de l’initiative gouvernementale, qu’il considère comme un geste destiné à apaiser la communauté internationale. L’opposition exige un calendrier précis pour les discussions et reste déterminée à obtenir des garanties quant à l’intégrité du processus électoral. En attendant, elle a prévu de tenir une nouvelle manifestation le 31 mai, indiquant que la route vers un véritable dialogue pourrait être semée d’embûches.
L’opposition centrafricaine, qui a souvent dénoncé la dérive autoritaire du pouvoir, attend beaucoup de ce dialogue annoncé par le gouvernement. Toutefois, certains leaders de l’opposition restent méfiants, estimant que les promesses faites jusqu’ici n’ont pas toujours été suivies d’actes concrets. La manifestation du 31 mai sera un test important pour évaluer l’adhésion populaire à cette démarche de dialogue. Les observateurs s’interrogent sur la capacité du gouvernement à répondre aux attentes de l’opposition et à garantir des élections transparentes et inclusives.
Alors que l’ouverture d’un dialogue politique semble offrir une lueur d’espoir pour la réconciliation nationale, les divergences entre le gouvernement et l’opposition laissent présager des mois difficiles avant les élections. Le succès de cette initiative dépendra largement de la volonté politique de tous les acteurs concernés et de l’engagement à respecter les principes démocratiques et constitutionnels. En attendant, les tensions demeurent élevées, et l’avenir politique du pays semble encore incertain.