En Centrafrique, après des mois de polémique sur la volonté du président Touadéra de changer la Constitution pour pouvoir se présenter à un troisième mandat, les choses se sont clarifiées, jeudi 26 mai, à la suite d’une conférence de presse du président de la commission institution et démocratie de l’Assemblée nationale.
Entouré de représentants de groupes parlementaires de la majorité présidentielle, le député Brice Kévin Kakpayen a pris le relais des membres du parti au pouvoir et a présenté un projet de modifications portant sur plusieurs articles de la Constitution. L’objectif est clair : faire sauter la limitation du nombre de mandats présidentiels.
Principal argument de celui qui se présente comme l’initiateur de cette tentative de casser ce verrou constitutionnel : l’exemple que constitue, à ses yeux, le modèle choisi par les autres pays de la région, Congo, Cameroun et autre Gabon. « C’est juste en République centrafricaine que nous avons mis un verrou pour dire que le chef de l’État peut être élu pour cinq ans et que ce mandat peut être renouvelable une seule fois. Quand vous parcourez les autres pays de la sous-région, vous voyez que cette limitation de mandat n’existe pas », argue le député Brice Kévin Kakpayen.
L’ancien Premier ministre Martin Ziguélé, aujourd’hui opposant, ne décolère pas, d’autant qu’il a été cité hier parmi ceux qui ont inspiré cette initiative de révision de la Constitution de la Centrafrique.
Quant à l’argument sur les mandats présidentiels illimités pour les autres présidents de la sous-région, il ne faut pas choisir les mauvais exemples, dit-il, avant de s’en prendre au président Faustin-Archange Touadéra.
« Les choses sont claires : l’initiative de la modification de cette Constitution vient du président Touadéra lui-même. Nous avons vu que pendant le dialogue politique, ils ont tenté d’introduire ce débat et c’est pour ça que nous ne sommes pas allés au dialogue, le piège était gros. Maintenant, ils ne peuvent pas avoir le courage de faire présenter ça par le gouvernement et ils passent par un député qui appartient à la majorité et qui se présente comme un indépendant pour faire passer la pilule. Mais elle est très grosse et elle ne passera pas. »
Après des mois de spéculation sur la volonté du président Touadéra de casser le verrou constitutionnel des deux mandats, les dés sont désormais jetés. Chaque camp se prépare à une bataille parlementaire qui s’annonce homérique.