Le lieutenant-général Dagvin R. M. Anderson est appelé à prendre la direction du Commandement des États-Unis pour l’Afrique (AFRICOM), en remplacement du général Michael Langley. Cette nomination s’accompagnera d’une promotion au grade de général, selon un communiqué du Département américain de la Défense. Cette décision intervient alors que la stratégie américaine sur le continent africain est en pleine réévaluation.

En poste depuis 2022, Michael Langley était le premier Afro-Américain à diriger l’AFRICOM, basé à Stuttgart en Allemagne. Son remplaçant, Dagvin Anderson, est un militaire chevronné, notamment passé par les forces spéciales. Sa prise de fonction intervient à un moment critique : le Pentagone envisage de revoir drastiquement sa structure de commandement, ce qui pourrait affecter la portée et l’influence de l’AFRICOM sur le continent africain.
Déjà en mars, la chaîne NBC News avait révélé que l’administration Trump étudiait la possibilité de fusionner l’AFRICOM avec le commandement américain pour l’Europe (EUCOM), également basé à Stuttgart. L’objectif : rationaliser les dépenses et réduire l’empreinte militaire américaine à l’étranger. Cette hypothèse a depuis été confirmée par Michael Langley lui-même, qui a reconnu en mai avoir discuté de cette option avec plusieurs responsables africains.
Si elle se concrétise, cette fusion pourrait affaiblir la spécificité du commandement africain dans la hiérarchie militaire américaine, à l’heure où la Russie, la Chine et d’autres puissances renforcent leur influence sur le continent. Une telle décision serait également susceptible de nuire aux partenariats sécuritaires en place, notamment dans les zones sahéliennes ou côtières où les groupes armés prolifèrent.
Cette recomposition stratégique laisse planer le doute sur la volonté réelle des États-Unis de rester un acteur de sécurité majeur en Afrique. Pour les États africains qui coopèrent avec l’AFRICOM sur le plan sécuritaire – à travers formations, partages de renseignements ou appuis logistiques – ce changement de cap pourrait être interprété comme un désengagement progressif, à contretemps des dynamiques régionales.
Reste à voir si Dagvin Anderson parviendra à rassurer ses interlocuteurs africains tout en s’adaptant aux nouvelles directives politiques. Son expérience dans les opérations spéciales et la gestion de crises pourrait jouer en sa faveur, mais il devra composer avec une feuille de route incertaine, dictée autant par des considérations budgétaires que géopolitiques.