Au moins une personne a perdu la vie mardi à Nairobi lors d’une manifestation antigouvernementale qui a dégénéré en violences. Les manifestants, opposés au projet de budget 2024-25, ont affronté les forces de l’ordre et pénétré dans le Parlement, entraînant des scènes de chaos.
Selon l’ONG Commission kényane des droits humains (KHCR), la police a tiré sur quatre manifestants, tuant l’un d’entre eux. Des journalistes de l’AFP présents sur place ont observé trois personnes gisant dans des mares de sang près du Parlement, où un incendie a été rapidement maîtrisé. La police a repris le contrôle de la zone après quelques minutes, mais des dégâts importants étaient visibles à l’intérieur du bâtiment.
Ces violences font suite à la présentation d’un projet de budget controversé qui prévoit de nouvelles taxes, y compris une TVA de 16 % sur le pain et une taxe annuelle de 2,5 % sur les véhicules particuliers. Le mouvement de protestation, appelé “Occupy Parliament”, est né sur les réseaux sociaux et a rapidement pris de l’ampleur. C’est la troisième manifestation en huit jours contre ce projet de budget.
Face à la contestation croissante, le gouvernement a retiré certaines mesures fiscales, mais les manifestants demandent le retrait total du texte. Ils craignent que le gouvernement ne compense ces retraits par d’autres augmentations de taxes, notamment sur les carburants. Le président William Ruto, confronté à une contestation de plus en plus large, s’est dit prêt à dialoguer, mais les manifestants restent déterminés.
Le mouvement “Occupy Parliament”, initialement porté par la jeunesse kényane, s’est transformé en une contestation générale de la politique du président Ruto, en place depuis septembre 2022. Les manifestations se sont également propagées à d’autres villes du pays, comme Mombasa, Kisumu, et Eldoret, où les protestataires expriment leur mécontentement face à la gestion économique du gouvernement.
La crise actuelle intervient alors que le Kenya, locomotive économique de l’Afrique de l’Est, fait face à une inflation élevée. En mai, l’inflation a atteint 5,1 % sur un an, avec une augmentation des prix des produits alimentaires et des carburants. Les tensions sociales risquent d’aggraver une situation économique déjà précaire, compliquant davantage les efforts du gouvernement pour stabiliser le pays.