Cinq policiers d’origine somalienne à Ottawa allèguent que la police les a secrètement placés sur écoute pendant plusieurs mois, sans porter de charges ni expliquer les raisons derrière cette surveillance. Cette accusation fait l’objet d’une poursuite de 2,5 millions de dollars déposée contre le Service de police d’Ottawa (OPS), selon un dossier judiciaire révélé par CBC.
Les agents, qui affirment avoir été engagés en partie en raison de leur appartenance raciale, disent que leurs communications privées ainsi que celles de certains membres de leur famille ont été interceptées de manière injustifiée. Ils estiment que cette surveillance est liée à des liens familiaux éloignés avec des personnes supposément impliquées dans des activités criminelles. Bien qu’aucune charge n’ait été retenue contre eux, les policiers se sentent désormais sous surveillance constante et stigmatisés par leurs collègues.
Cette affaire s’inscrit dans un contexte de tensions raciales au sein du Service de police d’Ottawa. Les relations entre la communauté somalienne et les autorités se sont détériorées après la mort tragique d’Abdirahman Abdi en 2016, un incident qui a intensifié les accusations de sur-policiement des communautés racialisées. En réponse, l’OPS avait recruté ces agents pour améliorer la représentation des minorités au sein de la force.
Dans leur plainte, les agents dénoncent une culture systémique de racisme au sein de l’OPS. Ils affirment avoir été la cible de représailles après avoir pris position contre le racisme institutionnel. Cette discrimination se serait manifestée par des actions hostiles, des commentaires racistes et, ultimement, la surveillance illégale de leurs communications.
Les perspectives de cette affaire demeurent incertaines. Les agents cherchent à obtenir des informations sur les raisons qui ont conduit à cette surveillance. De leur côté, les avocats de l’OPS nient toute accusation de discrimination raciale et insistent sur la légalité des écoutes. Les agents, quant à eux, continuent de se battre pour la transparence et pour faire la lumière sur cette affaire qui a gravement entaché leur carrière et leur réputation.
Ainsi, cette poursuite met en lumière des défis plus larges de relations communautaires entre les services de police et les minorités raciales, en particulier dans le contexte de la lutte contre les discriminations et du besoin d’une plus grande équité au sein des forces de l’ordre.