Aux Comores, l’ex-président Ahmed Abdallah Sambi et 11 co-accusés ont été condamnés ce lundi matin par la Cour de sûreté de l’État. Une juridiction spéciale dont les décisions ne peuvent pas faire l’objet d’appel. Les peines vont de deux ans de prison avec sursis à la perpétuité, pour l’ancien président, reconnu coupable de « haute trahison ».
Le verdict a été rendu en l’absence de l’ancien président Sambi et de ses avocats, qui n’ont participé qu’à la première audience lundi dernier, avant de ne plus apparaître devant la Cour pour dénoncer un tribunal selon eux partial et illégitime. Les 12 co-accusés étaient poursuivis pour l’affaire dite de la « citoyenneté économique », soit le détournement allégué d’importantes sommes d’argents de la vente de passeports comoriens à des étrangers. Le procureur avait avancé la somme d’1,8 milliard d’euros détournés, soit plus que le PIB de l’archipel.
Mais selon les avocats d’Ahmed Abdallah Sambi, aucune trace de cet argent n’a été découverte et les faits avaient d’ailleurs été requalifiés de « corruption » à « haute trahison ». Une incrimination qui n’existe pas en droit pénal comorien. Selon la défense, celle-ci n’a pas été surprise par le verdict : « La suite logique d’un procès inique visant à se débarrasser de toute opposition » a commenté ce lundi Me Mahamadou Ahamada, joint par téléphone.
Ahmed Abdallah Sambi a 64 ans, sa détention préventive depuis août 2018 a été jugée « arbitraire »par les Nations unies, et sa famille dénonce une séquestration. Autre condamné: l’ancien vice-président et candidat à la présidentielle de 2016, Mohamed Ali Soilihi, actuellement en France pour raisons médicales. Il écope de 20 ans de prison.
RFI