Réunis à Bruxelles les 26 et 27 juin, les chefs d’État et de gouvernement de l’Union européenne mettent la sécurité continentale au cœur de leurs débats, dans un contexte marqué par la guerre en Ukraine et les tensions croissantes au Moyen-Orient. La réunion s’inscrit dans le prolongement du sommet de l’Otan organisé la veille à La Haye, où plusieurs dirigeants européens étaient présents. L’objectif : renforcer la coordination face aux menaces extérieures, tout en esquissant une réponse commune aux enjeux militaires et diplomatiques.
La question de l’autonomie stratégique de l’Europe revient en force, alors que les pressions américaines sur les budgets de défense se renforcent. Le Premier ministre espagnol, prudent sur l’exigence des 2 % du PIB imposée par Donald Trump, plaide pour une approche plus pragmatique, axée sur la coopération industrielle et l’interopérabilité. L’après-midi sera notamment consacré aux moyens concrets de renforcer la base industrielle et technologique de défense européenne, dans une Union encore largement dépendante des États-Unis pour sa sécurité.
Ce sommet européen s’inscrit dans une séquence diplomatique soutenue. La veille, à La Haye, les alliés de l’Otan ont affiché leur volonté d’un soutien militaire renforcé à l’Ukraine. En parallèle, le président ukrainien Volodymyr Zelensky, après une halte à Strasbourg où il a assisté à la création d’un tribunal spécial pour juger les crimes liés à la guerre en Ukraine, interviendra en visioconférence devant les Vingt-Sept. Son objectif : maintenir la pression pour l’adoption d’un 18e paquet de sanctions contre Moscou, malgré les réticences persistantes de la Slovaquie et de la Hongrie.
Autre dossier brûlant : la position de l’UE face aux crises au Proche et Moyen-Orient. Lors du déjeuner, les Vingt-Sept tenteront d’harmoniser leur ligne diplomatique, notamment sur le cas israélo-palestinien. Une frange des États membres milite pour une dénonciation claire des violations des droits fondamentaux par Israël, tandis que d’autres pays freinent, craignant une détérioration supplémentaire du dialogue avec Tel-Aviv. Une énième illustration des fractures internes de l’UE sur la scène internationale.
Ce Conseil européen illustre une nouvelle fois les limites de la construction européenne dans le domaine de la défense. Entre les exigences américaines, les priorités industrielles divergentes, et les clivages diplomatiques, les Vingt-Sept cherchent encore à parler d’une seule voix. La dynamique actuelle, dopée par la guerre en Ukraine, pourrait cependant accélérer la mise en place d’outils communs, à condition que les logiques nationales ne reprennent pas le dessus une fois la pression retombée.