La 15ᵉ Conférence des Parties à la Convention de Ramsar sur les zones humides (COP15) s’est ouverte à Victoria Falls, au Zimbabwe, avec l’objectif de créer un Fonds mondial dédié à la restauration de ces écosystèmes en péril. Pendant neuf jours, les délégués de 172 pays doivent négocier une déclaration ambitieuse, la Déclaration de Victoria Falls, censée renforcer les engagements internationaux face à la dégradation rapide des zones humides.
Parmi les mesures envisagées, la mise en place du Fonds mondial figure comme l’une des priorités des discussions. Ce mécanisme financier pourrait mobiliser des ressources à l’échelle internationale pour pallier le déficit actuel, estimé à 550 milliards de dollars. La ministre zimbabwéenne de l’Environnement, Evelyn Ndlovu, a insisté sur l’importance stratégique de ces écosystèmes, qui jouent un rôle essentiel dans la régulation du climat, la gestion de l’eau et le développement durable. Elle a également annoncé deux initiatives majeures : une plateforme de suivi en temps réel, baptisée Global Wetland Watch, et la création d’un Réseau africain d’observatoires des zones humides.
La COP15 se déroule dans un contexte de déclin alarmant des zones humides à travers le monde. Depuis 1970, plus de 411 millions d’hectares ont disparu, selon le secrétariat de la Convention de Ramsar. Ce traité, signé en 1971, reste à ce jour le seul accord international exclusivement consacré à ces milieux naturels. En Afrique, les zones humides sont souvent marginalisées dans les politiques environnementales, alors qu’elles constituent des régulateurs hydriques cruciaux et des réservoirs de biodiversité.
Pays hôte de cette édition, le Zimbabwe entend jouer un rôle moteur. Ratifiant la Convention en 2012, il compte aujourd’hui sept sites Ramsar sur son territoire. Une visite de terrain est d’ailleurs prévue dans la zone humide de Kasibo, dans le parc de Hwange, afin de montrer les efforts de restauration engagés. Le président Emmerson Mnangagwa est attendu pour inaugurer officiellement le sommet dans les jours à venir, une présence qui souligne l’importance accordée à cette conférence par les autorités nationales.
Le secrétaire général de la Convention, Musonda Mumba, a salué une mobilisation inédite : « Cette conférence n’est pas seulement intergouvernementale ; elle unit science, diplomatie et communautés autour d’un objectif commun. » Ce positionnement traduit une volonté d’intégrer les zones humides dans les politiques climatiques et de biodiversité, en s’appuyant sur des dispositifs comme l’accréditation des « villes humides », une démarche encore peu explorée sur le continent mais jugée prometteuse.
La réussite de la COP15 dépendra de la capacité des États à traduire les ambitions en mécanismes concrets de financement, de suivi et d’intégration dans les plans nationaux. Sans ressources adéquates et volonté politique durable, les engagements risquent de rester symboliques. Le défi n’est pas uniquement technique ; il est aussi politique, car il suppose une redéfinition des priorités à l’échelle mondiale, dans un contexte de compétition budgétaire croissante entre les urgences environnementales.