La Corée du Sud traverse une crise politique sans précédent avec la destitution, vendredi, du président par intérim Han Duck-soo. Ce dernier a été démis de ses fonctions par un vote unanime de 192 députés, marquant une nouvelle étape dans l’instabilité politique qui secoue le pays depuis la tentative avortée de loi martiale initiée par l’ancien président Yoon Suk Yeol.
Le vote de destitution a été accompagné de scènes tumultueuses à l’Assemblée nationale. Les députés du Parti du pouvoir au peuple (PPP), au pouvoir, ont exprimé leur colère en chantant et en levant le poing. Malgré ces protestations, le président par intérim Han Duck-soo a déclaré qu’il respectait la décision parlementaire. Accusé d’avoir « activement participé à l’insurrection », Han était également critiqué pour son refus de nommer trois juges à la Cour constitutionnelle, un rôle crucial pour statuer sur le sort du président déchu.
Cette destitution s’inscrit dans un contexte déjà marqué par le limogeage, le 14 décembre, du président Yoon Suk Yeol, après sa tentative controversée d’imposer la loi martiale et de mobiliser l’armée contre le Parlement. La Cour constitutionnelle doit se prononcer dans les six mois sur la validité de cette décision. Cependant, l’absence de trois juges au sein de cette institution, suite au refus de nomination par M. Han, complique le processus et alimente la polarisation politique.
Choi Sang-mok, ministre des Finances, a été désigné comme nouveau président par intérim. Il a promis de mettre fin à la crise, déclarant que « restaurer la stabilité politique est la priorité absolue ». Toutefois, la tâche s’annonce ardue, d’autant que l’opposition et les investisseurs manifestent une inquiétude croissante face à la quatrième économie asiatique. Vendredi, avant même l’annonce officielle, le won sud-coréen a atteint son plus bas niveau en 16 ans face au dollar.
Cette instabilité politique affecte gravement la confiance des investisseurs dans un pays où le dynamisme économique repose sur des institutions fortes. Pendant ce temps, l’enquête contre l’ancien président Yoon Suk Yeol pour « rébellion » se poursuit. Celui-ci, sous le coup de plusieurs convocations judiciaires, refuse de se présenter, exacerbant les tensions dans un climat déjà tendu.
La double destitution d’un président en exercice et de son successeur par intérim représente une première historique pour la Corée du Sud. Cet épisode souligne les défis démocratiques auxquels le pays doit faire face, tout en rappelant la nécessité de renforcer la transparence et l’efficacité de ses institutions. À l’heure où les regards sont tournés vers la Cour constitutionnelle, l’issue de cette crise pourrait redéfinir l’équilibre des pouvoirs dans ce pays clé de l’Asie de l’Est.