L’opposant ivoirien Charles Blé Goudé, récemment acquitté par la Cour pénale internationale (CPI) des accusations de crimes contre l’humanité, a formulé une demande de pardon auprès du président Alassane Ouattara, afin de pouvoir se présenter à l’élection présidentielle d’octobre 2025. Accompagné de cet appel solennel, il exige une loi d’amnistie qui effacerait les condamnations internes liées à la crise politique de 2010-2011. Selon lui, une telle décision permettrait de tourner définitivement la page des affrontements qui ont plongé la Côte d’Ivoire dans une période de violence politique, et d’offrir à la nation un avenir plus serein.
Charles Blé Goudé, leader du Congrès panafricain pour la justice et l’égalité des peuples (Cojep), conteste la condamnation qui pèse toujours contre lui en Côte d’Ivoire, malgré son acquittement par la CPI. Cette peine de 20 ans de prison, issue de la crise post-électorale de 2010-2011, le prive de son droit de se présenter à la présidentielle, car il demeure inéligible tant qu’il reste sous le coup de cette condamnation. Bien que la justice internationale l’ait exonéré de toute responsabilité pour les crimes reprochés, la justice ivoirienne n’a pas levé sa peine. Blé Goudé dénonce ainsi ce qu’il considère comme une décision politique, et appelle à la réparation de cette « injustice ».
La crise de 2010-2011 a été l’un des épisodes les plus tragiques de l’histoire contemporaine de la Côte d’Ivoire. À la suite des élections présidentielles, la bataille pour le pouvoir entre le président sortant Laurent Gbagbo et le désormais président Alassane Ouattara a plongé le pays dans une guerre civile, faisant plus de 3.000 morts et des milliers de déplacés. Blé Goudé, un proche de Laurent Gbagbo, avait été un acteur central de ce conflit. Bien que la CPI l’ait acquitté, son retour en Côte d’Ivoire a été marqué par cette condamnation qui l’empêche de participer à la vie politique. La situation actuelle soulève des questions sur la réconciliation nationale et sur la manière dont la justice ivoirienne pourra résoudre les contentieux restants.
La demande de Blé Goudé pourrait avoir des répercussions importantes sur le paysage politique ivoirien à l’approche des élections de 2025. Si le président Ouattara répond positivement à cette requête, cela pourrait marquer un tournant dans le processus de réconciliation nationale, en permettant à plusieurs figures de la crise de se présenter à l’élection présidentielle. D’autres anciens responsables politiques de cette période, tels que Laurent Gbagbo et Simone Gbagbo, sont également engagés dans cette dynamique. Toutefois, une telle décision soulève des interrogations sur les motivations politiques derrière cette amnistie et les conséquences qu’elle pourrait avoir sur la stabilité à long terme du pays.
À 52 ans, Charles Blé Goudé se positionne comme un porte-parole de la jeunesse ivoirienne, qu’il considère comme un atout sous-utilisé pour l’avenir du pays. En réclamant une amnistie, il souhaite non seulement récupérer ses droits politiques, mais aussi offrir à sa génération une chance de jouer un rôle actif dans le développement du pays. « Je veux représenter ma génération », a-t-il déclaré, soulignant que la Côte d’Ivoire ne doit pas être privée de cette énergie. Il invite le président Ouattara à prendre une décision qui ne se limite pas à la seule question de la justice, mais qui prend également en compte la vitalité de la jeunesse pour l’avenir du pays.
Le cas de Laurent Gbagbo, acquitté par la CPI, illustre une situation similaire. Bien qu’il ait été gracié par le président Ouattara en 2018, il reste inéligible en raison de son absence d’amnistie en Côte d’Ivoire. Son retour politique est en partie conditionné par cette question. À l’inverse, Simone Gbagbo, l’ex-épouse de l’ex-président, a été amnistiée en 2018 et est désormais inscrite sur la liste électorale. Cette disparité dans le traitement des acteurs de la crise soulève des questions sur les critères de l’amnistie et de la réconciliation dans le pays, tout en mettant en lumière l’importance de cette mesure pour permettre à certains de se réintégrer pleinement dans le jeu politique.