En Côte d’Ivoire, le ministre porte-parole du gouvernement, Amadou Coulibaly, a annoncé que la 5ᵉ phase du dialogue politique est officiellement terminée depuis 2022. Cette déclaration, faite lors d’un point de presse à l’issue du Conseil des ministres du 12 mars, survient alors que 25 partis politiques viennent de former une coalition en vue de relancer le dialogue avec le gouvernement. L’objectif de cette coalition est de mettre en place des réformes du système électoral en préparation de la présidentielle de 2025. Cependant, le gouvernement semble privilégier l’option de traiter les problèmes au sein des institutions existantes plutôt que d’ouvrir de nouvelles négociations.
La Coalition pour l’alternance pacifique, qui rassemble des partis d’opposition tels que le PDCI de Tidjane Thiam, le FPI de Pascal Affi N’Guessan, et le MGC de Simone Ehivet, vise à pousser les autorités à réexaminer certaines réformes, notamment celles concernant le système électoral. Leur objectif est de garantir des élections transparentes et inclusives en 2025. Ils réclament un dialogue renouvelé pour que leurs propositions soient prises en compte par le pouvoir en place. Mais Amadou Coulibaly a balayé ces appels, soulignant que les institutions ivoiriennes sont bien établies et que toute requête relative à leur fonctionnement devrait être adressée directement à ces institutions, sans qu’un nouveau dialogue ne soit nécessaire.
Le dialogue politique en Côte d’Ivoire remonte à plusieurs années, avec des phases successives qui ont visé à apaiser les tensions entre le pouvoir et l’opposition. Après la crise post-électorale de 2010-2011, le pays a cherché à instaurer une stabilité politique à travers divers échanges entre les partis politiques. Cependant, la dernière phase du dialogue, entamée en 2022, a été marquée par des divergences persistantes, notamment sur la question de la réconciliation nationale et des réformes électorales. La coalition d’opposition semble percevoir ces réformes comme essentielles pour éviter de nouvelles contestations lors de l’élection présidentielle à venir.
La clôture du dialogue politique par le gouvernement risque d’exacerber les tensions entre le pouvoir et les partis d’opposition. Ces derniers, dont certains ont des bases électorales significatives, continuent de réclamer des réformes urgentes pour garantir des élections équitables. Le climat politique risque ainsi de se tendre davantage à l’approche de la présidentielle de 2025. La coalition pourrait intensifier ses pressions sur le gouvernement, ce qui pourrait mener à des manifestations ou à des actions plus radicales si leurs demandes ne sont pas prises en compte.
Certains membres de la coalition, en particulier ceux issus de partis plus petits ou moins représentés dans les institutions, ont critiqué la position du gouvernement. Amadou Coulibaly a notamment affirmé qu’il y avait une disparité entre les partis en termes de représentation institutionnelle. Selon lui, la majorité des membres de la coalition n’ont pas de députés, de maires ou d’autres responsables dans les structures locales, ce qui pourrait affaiblir leur légitimité. Cette analyse risque de nourrir un sentiment de marginalisation parmi les partis d’opposition, déjà frustrés par ce qu’ils considèrent comme un dialogue biaisé.
L’opposition, bien que divisée sur certains points, continue de revendiquer la nécessité d’un dialogue véritable et inclusif. La formation de la Coalition pour l’alternance pacifique témoigne de la volonté de rassembler les forces politiques pour une meilleure représentation lors des futures élections. Toutefois, la position du gouvernement laisse peu de place à une véritable négociation, ce qui pourrait, selon certains analystes, déstabiliser davantage le pays à un moment crucial de son histoire politique. L’absence d’un terrain d’entente laisse présager des défis importants dans les mois à venir.