Le procès opposant Tidjane Thiam, réélu récemment à la tête du PDCI, à Valérie Yapo, militante du parti, a connu un nouveau rebondissement le 15 mai 2025. Ce litige, qui divise le principal parti d’opposition ivoirien, est centré sur l’élection de Thiam à la présidence du PDCI, contestée par Yapo. Après les plaidoiries des avocats, le jugement a été mis en délibéré et sera rendu le 22 mai prochain.
L’affaire trouve son origine dans l’« exclusion temporaire » de Valérie Yapo, décidée par le conseil de discipline du PDCI, suite à sa contestation de l’élection de Tidjane Thiam. La plaignante remet en cause la légalité de cette élection, survenue le 22 décembre 2023, estimant que Thiam ne remplissait pas les conditions nécessaires pour être élu à la tête du parti. Selon Yapo, l’absence de nationalité ivoirienne de Thiam au moment du congrès invalide son élection et, par conséquent, la légitimité des structures mises en place sous sa direction.
Face à ces accusations, l’avocat de Tidjane Thiam défend vigoureusement la légalité de l’élection. Il rappelle que les sanctions contre Valérie Yapo ont été levées récemment et que, concernant la question de la nationalité, seul le procureur de la République est habilité à juger de ce type d’affaire. De plus, l’avocat précise que le procureur ayant démissionné de ses fonctions la semaine précédente, les demandes formulées par Yapo seraient désormais « sans objet ». Un argumentaire qui n’a pas convaincu l’ensemble des observateurs, mais qui reste déterminant dans la procédure.
Le procès intervient dans un contexte de tensions internes au PDCI, un des partis historiques ivoiriens, et dans une période politique marquée par la consolidation du pouvoir d’opposition. L’élection de Tidjane Thiam en décembre dernier a été perçue par certains membres du parti comme un signe de renouvellement de la direction, tandis que d’autres, comme Valérie Yapo, y voient une prise de pouvoir illégale. Ce différend juridique reflète les rivalités politiques internes du parti, avec des implications potentielles sur l’avenir de l’opposition ivoirienne à l’approche des prochaines élections nationales.
Le verdict attendu le 22 mai pourrait avoir des conséquences importantes pour la stabilité interne du PDCI. Si le tribunal décide en faveur de Valérie Yapo, cela pourrait affaiblir la position de Tidjane Thiam au sein du parti et, par extension, affecter l’unité de l’opposition. En revanche, si la décision soutient la légalité de l’élection de Thiam, ce dernier pourrait consolider son leadership et préparer le PDCI à se renforcer face aux défis politiques à venir. Ce procès est également suivi de près par d’autres formations politiques ivoiriennes, qui attendent de voir comment cette affaire affectera l’équilibre des forces en Côte d’Ivoire.
Au-delà de l’aspect judiciaire, ce conflit interne au PDCI révèle les fractures profondes qui traversent la scène politique ivoirienne. Les luttes de pouvoir au sein des partis d’opposition ne sont pas rares, mais elles prennent ici une dimension particulière en raison de la notoriété de Tidjane Thiam et de l’importance stratégique de son rôle. Quelle que soit l’issue, cette affaire pourrait redéfinir les rapports de force au sein de l’opposition et influencer le climat politique à l’approche des élections présidentielles de 2025.