L’arrêt des financements de l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) a déjà des effets négatifs en Côte d’Ivoire. Une ONG locale, Indigo, a dû suspendre ses activités, ce qui a mis ses employés en difficulté et fragilisé des projets importants dans les régions proches du Mali et du Burkina Faso.
En 2024, l’USAID avait promis 115 millions de dollars pour soutenir différents programmes en Côte d’Ivoire, notamment la lutte contre l’extrémisme violent. L’un de ces projets, “Résilience pour la paix”, avait reçu 20 millions de dollars pour cinq ans afin de renforcer les relations entre les populations et les autorités locales. La suppression soudaine de ces fonds menace les efforts faits pour limiter l’influence des groupes extrémistes.
Le nord de la Côte d’Ivoire, qui partage des frontières avec le Mali et le Burkina Faso, est particulièrement vulnérable aux attaques et à l’influence des groupes extrémistes. Depuis plusieurs années, le gouvernement ivoirien collabore avec des ONG pour calmer les tensions et empêcher que ces groupes recrutent de nouveaux membres. Sans les financements américains, ces efforts pourraient être compromis et la menace pourrait s’aggraver.
La suspension des financements ne touche pas seulement les ONG, elle risque aussi de briser la confiance des habitants envers les initiatives locales et gouvernementales. “Cela met en question la continuité des actions entreprises et alimente un sentiment d’abandon”, explique Séverin Kouamé, directeur exécutif d’Indigo. L’interruption de certains projets, comme les bureaux mobiles qui facilitaient l’immatriculation des véhicules, pourrait également augmenter les tensions entre civils et forces de l’ordre.
Sans nouveaux financements, de nombreuses communautés pourraient se retrouver sans soutien face à la montée de l’insécurité. “Quand la société civile ne peut plus garantir la justice et l’équité, certains habitants peuvent voir les groupes extrémistes comme une solution”, prévient un analyste local. Cette situation montre la vulnérabilité des dispositifs de prévention mis en place dans ces zones sensibles.
Face à cette crise, les ONG cherchent d’autres sources de financement pour poursuivre leur travail. Certaines se tournent vers des partenaires européens ou des organisations internationales pour compenser la perte des fonds américains. Cependant, la reprise des projets dépendra de la rapidité avec laquelle ces nouvelles ressources pourront être mobilisées.