La Côte d’Ivoire a célébré ce 7 août le 65e anniversaire de son indépendance à Bouaké, deuxième ville du pays, avec un imposant défilé civil et militaire. L’événement, placé sous haute surveillance, a réuni plusieurs milliers de spectateurs et accueilli des invités de marque, dont le président de transition gabonais, Brice Clotaire Oligui Nguema, et le Premier ministre guinéen, Bah Oury. Pour cette édition, le choix de Bouaké n’était pas anodin : il s’agissait d’un message clair en faveur de la réconciliation nationale.
Quelque 5 000 participants, 750 véhicules et engins militaires, ainsi qu’une large gamme d’équipements récemment acquis ont défilé. En ouverture de la parade figuraient des troupes étrangères, notamment américaines, françaises et marocaines. Une présence qui, selon le chercheur Athur Banga, illustre la stratégie de « diplomatie ouverte » du pays. Pour ce spécialiste des relations internationales, la participation de ces partenaires témoigne de la fiabilité perçue de la Côte d’Ivoire sur la scène régionale et internationale.
Choisir Bouaké pour accueillir les festivités n’a rien d’innocent. Cette ville fut, pendant près d’une décennie, l’épicentre de la rébellion ivoirienne. Aujourd’hui, les stigmates du passé s’effacent progressivement. Les habitants saluent les efforts de reconstruction et de pacification. « La ville est propre, on sent la tranquillité », confie Bamba, un habitant, évoquant les nouveaux marchés, les routes réhabilitées et une vie redevenue normale.
Dans son discours à la Nation, diffusé la veille au soir, le président Alassane Ouattara a tenu à rassurer sur le climat politique en vue de l’élection présidentielle d’octobre. Bien qu’il soit en lice pour un quatrième mandat, une candidature controversée, il a insisté sur sa volonté de garantir un scrutin « stable et apaisé ». Un message destiné à apaiser les tensions et à désamorcer les critiques sur l’inclusivité du processus électoral.
Malgré ces assurances, l’opposition n’entend pas baisser la garde. Une marche du Front Commun, regroupant les deux principaux partis d’opposition, est prévue le 9 août à Yopougon. Elle vise à exiger un véritable dialogue politique et des conditions électorales jugées plus équitables. Le contraste entre la mise en scène officielle de la stabilité et les revendications persistantes de l’opposition rappelle que la paix ivoirienne reste fragile.
En célébrant l’indépendance à Bouaké, le pouvoir mise sur une symbolique forte : transformer l’image d’un ancien bastion rebelle en vitrine d’un pays réconcilié. Mais au-delà du décorum, cette opération de communication s’inscrit dans une stratégie électorale bien rodée. Il s’agit autant de tourner la page des années de crise que de renforcer la légitimité d’un régime toujours contesté par une partie de la population.