En Côte d’Ivoire, la classe politique, secouée par la récente radiation de Tidjane Thiam de la liste électorale, intensifie ses appels au dialogue. Cette décision judiciaire, prise une semaine avant l’initiative, a ravivé les tensions entre le gouvernement et l’opposition, au cœur d’un climat politique déjà tendu. Dans ce contexte, Charles Blé Goudé, leader du Cojep, a pris la parole sur les réseaux sociaux pour appeler à un rassemblement des forces politiques.
Charles Blé Goudé, qui partage un constat avec plusieurs figures politiques ivoiriennes telles que Laurent Gbagbo et Guillaume Soro, tous désormais inéligibles, souligne l’urgence d’un dialogue inclusif. En effet, il a lui-même été radié de la liste électorale en 2020 suite à une condamnation judiciaire. Pour le leader du Cojep, organiser un conclave national ne signifierait ni une défaite pour le pouvoir, ni une victoire pour l’opposition, mais une démarche favorisant la paix et la stabilité du pays. Blé Goudé insiste sur la nécessité de montrer à la population que les dirigeants politiques, quelle que soit leur appartenance, ont à cœur le bien-être collectif et la préservation de l’équilibre social.
Le dialogue politique en Côte d’Ivoire a connu plusieurs rebondissements depuis la crise post-électorale de 2010-2011, qui a profondément affecté les relations entre les différents acteurs politiques. Après plusieurs échecs de réconciliation, la 5ᵉ phase du Dialogue politique, qui s’est achevée en mars 2022, semblait être un tournant. Toutefois, l’inéligibilité de figures majeures comme Gbagbo et Soro n’a fait qu’exacerber les divisions. Ces exclusions récentes, dont celle de Thiam, montrent que la Côte d’Ivoire continue de naviguer dans un paysage politique fracturé, avec peu d’issues claires pour une véritable réconciliation.
Face aux appels au dialogue, le gouvernement reste fermement opposé à toute nouvelle négociation politique. Selon Amadou Coulibaly, ministre porte-parole du gouvernement, le dernier dialogue a permis de poser les bases d’un fonctionnement institutionnel stable et légal. Il insiste sur le fait que toutes les institutions sont désormais en place et qu’elles doivent être respectées. Pour lui, la question de rouvrir des discussions est superflue, à moins de vouloir remettre en cause les principes constitutionnels en vigueur. Le gouvernement se dit convaincu que les prochaines élections, prévues pour 2026, se dérouleront dans un cadre transparent et apaisé.
Le ministre Coulibaly a également réaffirmé que les élections à venir seraient conduites de manière démocratique, sans la nécessité de discussions supplémentaires entre le pouvoir et l’opposition. Le gouvernement mise sur la mise en œuvre des lois existantes et sur le respect des procédures électorales pour garantir la légalité des scrutins. Toutefois, cette position risque de maintenir les tensions entre les deux camps, l’opposition interprétant cette fermeture comme un signe de l’absence d’inclusivité du processus politique.
L’absence de dialogue institutionnalisé pourrait continuer de diviser la classe politique ivoirienne. Certains observateurs estiment qu’un dialogue sincère pourrait contribuer à apaiser les tensions, tandis que d’autres doutent de la volonté du gouvernement de réconcilier véritablement les acteurs politiques. Il est possible que les futures élections, notamment celle de 2026, deviennent un test décisif pour l’unité nationale et la crédibilité du système électoral ivoirien.