À l’occasion du 65e anniversaire de l’indépendance de la Côte d’Ivoire, Tidjane Thiam, président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), a rompu avec les discours d’apparat pour dresser un constat alarmant de la situation politique du pays. Dans un message solennel, il a dénoncé « une machine infernale de l’exclusion, des arrestations, de l’intimidation et du repli identitaire », à moins de trois mois de l’élection présidentielle prévue le 25 octobre 2025.
L’ancien banquier et candidat radié de la course pour double nationalité exhorte le gouvernement à libérer les membres de l’opposition incarcérés, insistant sur la nécessité de décrisper le climat politique. Se réclamant de l’héritage d’Houphouët-Boigny, il plaide pour un retour au dialogue, qu’il qualifie d’« arme des forts ». S’adressant directement aux autorités, il fustige les atteintes aux libertés et les violences ciblées, notamment les enlèvements de militants. « Arrêtez », a-t-il martelé, dans un message aussi grave que direct.
Ce discours s’inscrit dans un contexte tendu marqué par la mise à l’écart de plusieurs figures de l’opposition, la controverse sur l’éligibilité de certains candidats et la méfiance croissante envers la Commission électorale. Des critiques déjà exprimées par la Conférence épiscopale de Côte d’Ivoire dans sa lettre pastorale du 29 juillet, pointant « l’amateurisme », la « fraude » et « la corruption » du processus électoral. Ces accusations ne sont pas nouvelles, mais elles prennent une dimension plus préoccupante à l’approche du scrutin.
Alors que les appels à une élection inclusive se multiplient, Tidjane Thiam avertit contre toute tentative de verrouillage du scrutin. Il cite le nouveau président de la Fédération évangélique de Côte d’Ivoire, qui a lui aussi plaidé pour une compétition équitable et ouverte. Thiam met en garde contre le risque d’un retour aux violences politiques qui ont marqué le passé récent du pays. Il appelle les acteurs politiques à ne pas répéter les erreurs du passé, en privilégiant l’affrontement d’idées plutôt que la répression.
En dépit de sa mise à l’écart du processus électoral, Tidjane Thiam présente le PDCI comme porteur d’un projet politique fondé sur la justice sociale, la tolérance et l’égalité des chances. Il promet une réforme en profondeur de la fonction publique, répondant aux attentes des fonctionnaires qui, selon lui, réclament stabilité et reconnaissance, au lieu de mesures conjoncturelles liées aux échéances électorales. Ce programme, affirme-t-il, a été élaboré après une large écoute des revendications citoyennes.
Enfin, le président du PDCI adresse un message clair aux partenaires internationaux : il leur reproche d’avoir facilité l’arrivée au pouvoir du régime actuel et de fermer les yeux sur ses dérives. Il accuse certains pays de se retrancher derrière le principe de non-ingérence pour ne pas dénoncer un quatrième mandat controversé et l’élimination de l’opposition. Il avertit : « Si vous faites le mauvais choix ici, le tribunal de l’histoire et les Ivoiriens vous jugeront durement. »