Depuis l’apparition de ChatGPT en novembre 2022, les pays du monde entier se lancent dans une course effrénée à l’intelligence artificielle (IA). Chacun investit massivement et cherche à développer des modèles toujours plus performants. La Chine a marqué un grand coup le 20 janvier en dévoilant DeepSeek-R1, un agent conversationnel aussi puissant que ChatGPT, mais beaucoup plus économe en énergie. Ce progrès accentue la rivalité entre les États-Unis et la Chine, qui cherchent chacun à dominer ce secteur stratégique.
Les États-Unis ont rapidement réagi à l’annonce chinoise. Dès le lendemain, Donald Trump a révélé le projet “Stargate”, un programme gigantesque doté de 500 milliards de dollars sur quatre ans. Ce plan vise à moderniser les infrastructures technologiques américaines et à garantir leur avance en matière d’IA. Cette stratégie s’inscrit dans une lutte d’influence où chaque puissance cherche à garder l’avantage technologique et économique.
Cette confrontation rappelle la guerre froide et la course à l’espace du XXe siècle. En 2017, Vladimir Poutine affirmait déjà que le pays leader en intelligence artificielle aurait un pouvoir mondial déterminant. La Chine a rapidement pris cette déclaration au sérieux en lançant un plan ambitieux avec un budget annuel de 60 milliards de dollars dès 2025. De leur côté, les États-Unis ont tenté de ralentir la progression chinoise en interdisant l’exportation de certaines puces électroniques essentielles au développement de l’IA. Pourtant, l’apparition de DeepSeek montre que Pékin rattrape son retard.
L’Europe, bien que présente dans le domaine de l’IA, peine à rivaliser avec les investissements massifs des États-Unis et de la Chine. Le Chips Act, qui prévoit un investissement de 43 milliards d’euros d’ici 2030, reste bien inférieur aux efforts américains et chinois. Toutefois, des entreprises européennes comme la start-up française Mistral tentent de s’imposer sur le marché. L’Union européenne mise aussi sur la régulation avec l’AI Act, une législation visant à encadrer le développement et l’usage de l’intelligence artificielle.
L’intelligence artificielle ne se limite pas à la technologie : elle devient aussi un instrument de “soft power”. Chaque pays développe ses propres modèles qui véhiculent ses valeurs et son idéologie. En Chine, DeepSeek évite les sujets sensibles comme Tiananmen ou Taïwan, tandis que ChatGPT diffuse des idées alignées sur la culture américaine. Cette influence technologique pourrait façonner la perception du monde selon les régions.
Pour éviter qu’une poignée de pays n’impose leur vision du monde à travers l’IA, certains experts préconisent un développement plus équilibré. En encourageant la création de modèles adaptés aux différentes cultures et langues, l’IA pourrait mieux refléter la diversité mondiale. Cette approche permettrait de garantir une représentation plus juste et de réduire les biais idéologiques dans les technologies d’intelligence artificielle.