L’économie de la Communauté Économique et Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC) est actuellement mise à rude épreuve par un phénomène inquiétant : un gigantesque trafic de pièces de monnaie déstabilise les pays utilisateurs du franc CFA. Cette situation alarmante, qui persiste depuis une dizaine d’années, entrave sévèrement les transactions commerciales quotidiennes, en particulier pour les petits commerces fortement dépendants de la monnaie divisionnaire pour leurs opérations.
Le manque criant de petites coupures dans les pays de la CEMAC nuit considérablement à l’économie locale, particulièrement dans les zones où les échanges commerciaux dépendent fortement de la monnaie physique. Au Cameroun, par exemple, la rareté des pièces de 25, 50 et 100 francs CFA a un impact direct sur le quotidien des commerçants et des consommateurs, provoquant des difficultés notables dans la réalisation des transactions habituelles et contribuant indirectement à l’inflation par l’arrondissement des prix à la hausse.
L’origine de cette crise monétaire remonte à 2019, lorsque les premières enquêtes ont mis en lumière un vaste réseau de corruption et de trafic de monnaie. Ce problème est exacerbé par l’implication d’investisseurs étrangers, notamment chinois, qui, profitant de leurs relations privilégiées avec des responsables locaux, ont établi des réseaux d’influence favorisant l’exportation de masses importantes de pièces de monnaie vers l’Asie.
En réponse à cette crise, la CEMAC et d’autres instances monétaires ont injecté des milliards de francs CFA en pièces dans l’économie, dans l’espoir de pallier la pénurie. Toutefois, ces mesures semblent n’avoir été que des solutions temporaires, car le trafic continue de s’aggraver, mettant en évidence la nécessité d’une stratégie à long terme impliquant la création de nouvelles pièces plus sécurisées et la mise en place d’un cadre réglementaire renforcé pour protéger l’économie de la région.