En Afrique du Sud, une lutte judiciaire se dessine autour de l’utilisation du nom “Umkhonto We Sizwe” (MK), récemment adopté par un parti politique nouvellement formé et soutenu par l’ex-président Jacob Zuma. L’African National Congress (AJacob ZumaNC), parti au pouvoir depuis la fin de l’apartheid, a intenté une action en justice le 27 mars 2024, invoquant une atteinte à sa propriété intellectuelle et à son patrimoine.
“Umkhonto We Sizwe”, qui se traduit par “lance de la nation” en zulu, n’est pas un nom choisi au hasard. Cette appellation faisait référence à la branche armée de l’ANC pendant l’apartheid, une époque marquée par des opérations de sabotage et de guérilla urbaine sous la direction de Nelson Mandela. L’ANC voit donc dans l’adoption de ce nom par le nouveau parti non seulement un vol de symbole mais aussi une usurpation de son héritage historique et de résistance.
L’ANC, en réaction à cette appropriation jugée illégitime, a déposé une requête urgente pour interdire au parti de Zuma l’utilisation de ce nom et de son logo, ce dernier évoquant fortement l’imagerie de l’ancienne organisation armée. Cette démarche judiciaire intervient dans un contexte électoral tendu, l’Afrique du Sud se préparant à des élections générales le 29 mai 2024.
La décision de l’ANC de poursuivre en justice le parti MK se comprend dans le cadre plus large des préparatifs électoraux. Avec l’ANC en perte de vitesse et la popularité persistante de Jacob Zuma dans le Kwazulu Natal, le parti au pouvoir redoute que le nouveau venu n’attire les électeurs déçus, notamment grâce à une rhétorique plus offensive. Les sondages attribuant à MK jusqu’à 13% des intentions de vote à l’échelle nationale soulignent l’urgence de la situation pour l’ANC.
L’issue de cette bataille juridique pourrait avoir des répercussions significatives sur le paysage politique sud-africain, notamment en ce qui concerne l’identité des partis et la mémoire collective de la lutte contre l’apartheid. Alors que l’ANC cherche à préserver son héritage, la résolution de ce conflit pourrait redéfinir les alliances et les loyautés au sein de l’électorat sud-africain à l’aube d’un scrutin crucial.
Cette confrontation entre l’ANC et MK, au-delà de la question de la propriété intellectuelle, met en lumière les tensions et les divisions au sein de la politique sud-africaine, illustrant combien l’héritage de la lutte pour la liberté reste un enjeu central dans l’identité politique du pays.