Un colloque international consacré à l’articulation entre journalisme de qualité et éducation aux médias s’est ouvert le 21 juin à Dakhla, au sud du Maroc. Réunissant des délégations venues d’Afrique, du monde arabe, d’Europe et d’Amérique latine, la rencontre vise à répondre collectivement aux défis que posent la désinformation et la manipulation de l’information dans un paysage numérique en constante mutation.
L’événement, organisé par la Commission provisoire pour la gestion des affaires du secteur de la presse et de l’édition, réunit des experts, des universitaires et des journalistes de plus de vingt pays. Pendant deux jours, les échanges porteront sur des thématiques telles que la gouvernance de l’information, l’impact de l’intelligence artificielle sur le journalisme, les enjeux éthiques liés aux nouveaux outils numériques, ou encore les approches pédagogiques de l’éducation aux médias.
Ce colloque s’inscrit dans un contexte où la circulation incontrôlée des fake news, la banalisation des discours de haine et la crise de confiance envers les médias traditionnels sont devenues des enjeux globaux. Comme l’a souligné Younes Mjahed, président de la commission organisatrice, la presse est aujourd’hui confrontée à une double pression : celle des bouleversements technologiques et celle de l’exploitation abusive de la liberté d’expression à des fins politiques ou commerciales. Une situation qui, selon lui, exige un renforcement simultané de la vérification rigoureuse de l’information et de l’éducation critique des citoyens.
Le représentant du ministère marocain de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication, Mustapha Amadjar, a insisté sur la nécessité d’adapter les cadres réglementaires aux évolutions du secteur. Il a évoqué des réformes en cours, notamment la refonte du dispositif légal encadrant la presse et la mise en place d’un cadre anticipatif pour intégrer les usages de l’intelligence artificielle dans la production d’information.
Plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest et du Sahel ont répondu présent, dont le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Mali, la Guinée, la Mauritanie et le Nigeria. Leur participation témoigne d’un intérêt croissant pour le développement d’une presse éthique et d’un public formé à décrypter les contenus. À travers cette initiative, Dakhla, région en pleine expansion médiatique, entend s’affirmer comme un espace de dialogue et de réflexion sur les défis communs aux sociétés africaines et méditerranéennes.
Intervenant lors de la séance d’ouverture, Moulay Boutal Lembarki, vice-président du Conseil régional de Dakhla-Oued Eddahab, a plaidé pour l’intégration de l’éducation aux médias dans les programmes d’enseignement civique. Selon lui, ce levier est indispensable pour prémunir les jeunes générations contre les manipulations informationnelles et pour bâtir une culture de débat fondée sur les faits.