Le gouvernement malien poursuit son programme de décolonisation toponymique en rebaptisant plusieurs rues, avenues et établissements publics de Bamako. Ces changements, officialisés par décret le 13 décembre 2024, visent à honorer les grandes figures de l’histoire nationale et à effacer les vestiges symboliques de la colonisation française.
Cette initiative s’inscrit dans un projet plus vaste, initié en mai 2024 par le ministère de l’Artisanat et de la Culture, visant à renommer des espaces publics à travers le pays. Près de 25 lieux, boulevards et monuments ont été rebaptisés pour porter les noms de héros maliens, tels que Soundjata Keïta, Samory Touré ou encore Kankou Moussa. Parmi les changements les plus notables, la Place du Sommet Afrique-France devient la Place de la Confédération des États du Sahel.
Cette démarche s’inscrit dans un contexte de tensions croissantes entre le Mali et la France, marqué par une rupture diplomatique progressive et une volonté affichée de s’affranchir de l’influence occidentale. Après le Niger et le Burkina Faso, le Mali renforce ainsi son discours souverainiste, tout en redéfinissant les symboles de son espace public pour refléter une mémoire collective centrée sur les valeurs nationales.
Cette réappropriation toponymique ouvre des perspectives intéressantes sur le plan identitaire et culturel. Elle pourrait inspirer d’autres pays africains à entreprendre des initiatives similaires pour revisiter leur histoire et valoriser leur patrimoine. Cependant, des défis subsistent, notamment en termes d’acceptabilité sociale et d’adaptation des habitudes quotidiennes des citoyens.
Outre les rues et avenues, le gouvernement a également renommé des établissements publics. L’Université Yambo Ouologuem remplace désormais l’Université des Lettres et Sciences Humaines de Bamako, tandis que l’Institut Professeur Gaoussou Diawara prend la place de l’Institut National des Arts. Ces choix visent à renforcer l’attachement des nouvelles générations à des figures emblématiques de l’histoire malienne.
Cette initiative suscite des réactions mitigées au sein de la population. Si certains saluent un acte symbolique fort en faveur de la souveraineté nationale, d’autres soulignent l’urgence de prioriser des enjeux économiques et sociaux plus pressants. Pour les historiens, il s’agit néanmoins d’une étape cruciale dans la construction d’une identité nationale affranchie des stigmates de la colonisation.